À force de mobilisation, les journalistes ivoiriens ont fini par obtenir la libération de six de leurs confrères interpellés « pour publication d’informations fausses se rapportant au secret de la défense et à la sureté de l’État». Ils restent inculpés. Cette affaire risque d’écorner l’image d’une Côte d’Ivoire qui s’efforce de faire un bon usage de la démocratie. Après les convulsions du corps social, marquées par le dernier coup de sang des forces spéciales, ce pays n’avait pas besoin d’un nouveau pavé dans la mare, qui continue de faire des vagues dans la presse et sur les réseaux sociaux. Là où une conférence de presse eût suffi pour donner la vraie version des faits, permettre à l’opinion de se faire sa propre idée, on a préféré mettre des journalistes aux arrêts. Il s’agissait de prévenir les dérives susceptibles de troubler gravement l’ordre public, argumente l’autorité judiciaire dans son communiqué daté du 12 février. Mais le procureur de la République aura certainement mal apprécié les retombées de sa décision, laquelle jure manifestement avec la volonté du pouvoir d’améliorer son image et le classement du pays en matière de liberté de la presse (86è sur 171). On se souvient que le Conseil des ministres du 3 août 2016 avait adopté un projet de loi visant à adapter le cadre juridique de la presse aux évolutions du secteur. Une initiative saluée par les journalistes ivoiriens qui pensaient alors que c’était la fin des gardes à vue et des détentions préventives pour les délits de presse. Les dernières arrestations de confrères viennent montrer que pour cette 3è République, le défi est de prévenir toute forme de dérive, tout en assurant le droit à l’information. Concilier ces deux exigences semble être une véritable gageure
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