Dans la soirée du 30 novembre, alors que les Abidjanais pensaient avoir tourné la page des incendies de biens privés, un drame est venu leur rappeler cet épisode dramatique d’après l’élection du 31 octobre. Six véhicules de particuliers, dont des véhicules de transport et un bus, ont été incendiés dans la commune de Yopougon. Les coupables, comme depuis le déclenchement de la désobéissance civile lancée par l’opposition, ont profité de l’obscurité pour disparaitre. Arrivée plus tard sur les lieux, la police ne pouvait que constater les dégâts. Triste soirée pour ces opérateurs privés, qui voient ainsi leurs biens partir en fumée. Ce qui est en passe de devenir un phénomène dure depuis un peu plus de deux mois. Même s’il reste circonscrit à la commune de Yopougon, il n’empêche qu’il pourrait contaminer d’autres villes ou communes du pays. Les victimes se comptent par dizaines depuis et malgré l’interpellation annoncée de plusieurs suspects, la crainte gagne désormais d’autres opérateurs économiques du monde du transport. Détruire un bien public pour des raisons politiques, c’est à la limite compréhensible. Mais détruire les biens de Monsieur ou Madame tout le monde relève de la bêtise humaine. Nous ne sommes plus dans un tel cas face à une désobéissance civile, mais bien dans des cas de grand banditisme et la situation devra être traitée comme telle. En cette fin d’année, nul ne saurait cautionner ce genre d’actes, car la victime peut être un coreligionnaire, un camarade de parti ou encore un proche parent. La violence sur l’espace politique doit cesser afin que s’ouvrent les débats de fond et d’idées. Incendier les biens privés ne changera en rien la situation politique. Cela ne fera qu’appauvrir ou ruiner de simple citoyens, parfois très loin des chapelles ou des activités politiques.
Yvann AFDAL