« Encore l’ouest du pays ! », s’est exclamé un internaute après les incidents survenus à Douékoué le 26 novembre. Des individus non encore identifiés ont fait irruption dans le principal lycée de la ville, saccageant tout sur leur passage. Une semaine auparavant, dans la même zone géographique, plus précisément à Zouan Hounien, vers la frontière libérienne, une rixe opposant des transporteurs à un élève s’est très vite transformée en conflit intercommunautaire, occasionnant l’incendie du domicile du maire de la ville et la destruction de plusieurs biens privés dans les deux camps. Ce n’est pas la première fois que ce genre de mauvaise nouvelle arrive de l’ouest du pays. Les blessures physiques et psychiques des années précédentes sont encore vives.
La décennie de crise, qui avait trouvé une justification dans les questions identitaires, semble avoir plutôt consacré définitivement un repli sur soi de chaque peuple et aiguisé une certaine animosité chez les différentes communautés, qui se côtoient sans jamais se fondre. Les clivages politiques sont également passés par là et les velléités de réconciliation restent sans suite. Les discours restent au bord des lèvres politiques, sans véritables projets auprès des populations. Après la série d’attaques des édifices publics, les évènements, à une semaine d’intervalle, dans ces deux villes de l’ouest du pays, distantes de quelque 200 km, rappellent ou préviennent que les zones de tension n’ont en vérité jamais cessé de l’être. L’ouest ivoirien, devenu la grand-terre cacaoyère, mérite un peu plus d’attention, ne serait-ce que pour son positionnement économique. Plusieurs communautés ivoiriennes et de la CEDEAO s’y côtoient quotidiennement dans la méfiance et la défiance. La paix n’a pas encore habité les cœurs et les esprits et, après les violences, chaque camp crie vengeance, en attendant la moindre occasion pour ce faire. Il faut sauver l’ouest pendant qu’il en est encore temps et cela relève de notre responsabilité collective.