Télétravail : L’administration à double vitesse

Démarré en 2012, l’avènement du numérique dans nos services, aussi bien privés que publics, est aujourd’hui mis à rude épreuve avec la politique de télétravail prônée par le gouvernement. Pour limiter la propagation du coronavirus, les fonctionnaires sont appelés à rester chez eux, si possible, et à privilégier le travail à distance. Une stratégie diversement appréciée par les employeurs et employés. D’abord parce que tout ne peut être fait à distance, et ensuite parce que les nouvelles technologies de l’information et de la communication n’ont pas encore tissé leur toile partout. Les habitudes ont donc encore la peau dure. Même si plus de 70% des fonctionnaires du public sont à la maison, au privé la réalité est tout autre. Le télétravail est-il compatible avec les réalités ivoiriennes ? Zoom sur un phénomène naissant, à l’ère du coronavirus.

Dans cette salle de 42 mètres carrés, 4 bureaux sur 5 sont vides. Le 5ème, paré d’un ordinateur portable, est celui d’Idriss Bamba. Il assure la permanence depuis que le service tout entier fait du télétravail. Dans cette importante entreprise semi-publique située à Marcory, impossible d’arrêter de fonctionner. Au contraire, son aide à la population est la bienvenue dans cette difficile période où le Covid-19 paralyse l’économie nationale et mondiale. « Malgré le coronavirus, les gens continuent de solliciter les services de l’entreprise. En ce moment, le directeur général mène beaucoup d’actions sur le terrain pour soutenir la population. On ne peut pas arrêter de travailler. Dans notre service, on a donc institué le télétravail, parce qu’on n’a pas besoin de tout le monde pour assurer son fonctionnement. Le personnel travaille à la maison. Moi, je suis venu parce que j’assure la permanence », explique Idriss Bamba. Mais on ne peut pas en dire autant pour d’autres services de l’entreprise, où la présence physique du personnel est nécessaire. C’est le cas notamment de la comptabilité et du service des ventes. Gestes barrières obligent, le port des masques de protection, le lavage de mains au savon et la distance réglementaire entre employés sont suivis à la lettre. Les responsables veillent à leur stricte application comme du lait sur le feu, car, Marcory est l’une des communes les plus touchés par le covid-19 dans le pays. « Le patron lui-même est sur le terrain pour demander aux gens le respect des mesures de sécurité contre le coronavirus. Ici, dans son entreprise, il faut donc donner l’exemple », ajoute notre hôte.

Pas si évident Tout comme cette entreprise semi-publique, de nombreuses administrations, publiques ou privées, ont opté pour le télétravail. Une solution de plus en plus préconisée par les autorités pour limiter la propagation du Covid-19. Mais toutes n’ont pas les moyens de l’appliquer en totalité. Dans cette entreprise de communication qui travaille à Cocody centre, on a choisi la double vacation. « L’effectif a été réduit pour pouvoir respecter les gestes barrières. Et les équipes se relayent. Il y a également des services pour lesquels nous avons privilégié le télétravail. On a aussi profité de l’occasion pour proposer des congés à certains travailleurs, afin de faire d’une pierre deux coups. Tous les moyens ont été mis en place pour laisser le plus de personnes à la maison. Mais nous avons aussi tout fait pour éviter le chômage à certains collaborateurs », explique l’un des cadres de la structure. À Cocody, épicentre du coronavirus dans la capitale économique ivoirienne, chacun fait face au problème à sa manière. Mirelle Kouadio, une employée qui travaille aux Deux-Plateaux, explique qu’à l’annonce du télétravail dans sa société, une start-up, il s’est trouvé que certains n’avaient pas d’ordinateur et / ou de connexion Internet à la maison. « La connexion Internet était le premier problème à régler. Les machines de l’entreprise sont des ordinateurs de bureaux, il était donc difficile de concilier les deux problèmes. Jusque-là, on travaille à trouver une solution, sinon on ne pourra pas appliquer le télétravail. On va se contenter de respecter les gestes barrières pour le moment », indique-t-elle. Au niveau des fonctionnaires, le problème est beaucoup plus simple, car l’ensemble de la politique élaborée autour du télétravail est déclinée par les ministères de tutelle. Le ministre de l’Économie numérique et de la poste a présenté récemment l’application de télétravail de l’administration publique ivoirienne, dénommée « Teams », pour le partage et la communication collaborative entre plusieurs utilisateurs en simultané. Selon Mamadou Sanogo, il s’agit d’éviter le plus de contacts possible. « Avec cet outil, l’administration peut continuer de travailler en temps réel. On peut échanger des documents sans se trouver au même endroit », s’est réjoui le ministre. L’application est composée de 13 000 licences et intègre selon lui l’ensemble des outils e-Gouv. Teams, à l’entendre, est disponible et fonctionnelle dans tous les ministères et institutions de la République. Cet outil peut être utilisé pour une conférence audio / vidéo par tout fonctionnaire disposant d’un compte email Yahoo, Gmail, Outlook, etc.

Blocages Toutefois, son utilité est diversement appréciée et semble réservée à un nombre très restreint de travailleurs. Au ministère de la Fonction publique, par exemple, la solution pour combattre le coronavirus a été d’instituer la rotation du personnel. « Chaque direction est tenue de faire une évaluation de cette rotation, une ou plusieurs fois par semaine. Pour l’instant, c’est cette politique qui est appliquée au niveau des travailleurs et non le télétravail. En ce moment, c’est ainsi que mon service travaille. Depuis le début de l’épidémie, nous n’avons pas encore eu d’échanges sur le télétravail. Nous avons opté pour la rotation pour décongestionner les services », explique un proche collaborateur du ministre. Le général Issa Coulibaly a également décidé que les dossiers peu urgents soient mis en suspens. Gnagna Zady Théodore, Président de la Plateforme nationale des professionnels du secteur public, voit de son côté le télétravail plutôt comme un appel à rester à la maison. Beaucoup plus une vue de l’esprit qu’une réalité tangible, selon lui. Car ce qu’il faut surtout voir à travers cette politique, à son avis, c’est la limitation des contacts. « Chaque administration essaie d’apporter une réponse à cette pandémie à sa manière et c’est l’essentiel. Il est vrai que beaucoup ne sauront pas appliquer le télétravail comme on l’attend, mais s’ils peuvent travailler à leur manière en limitant les contacts, c’est mieux », espère Gnagna Zady Théodore. D’après lui, au niveau de la Fonction publique, le plus gros lot des travailleurs est déjà au repos. « Les écoles étant fermées, les enseignants sont à la maison. Il s’agit de 80% des fonctionnaires. Pour les 20% restants, les règles appliquées pour décongestionner les bureaux vont suffire », note le Président de la Plateforme. Sur ce point, le ministre Mamadou Sanogo est plutôt confiant. Avec 140% de taux de pénétration du mobile et plus de 16 millions d’abonnés à Internet, selon le ministre, le télétravail offre au contraire une réelle opportunité pour décongestionner les bureaux tout en continuant de produire. Mais, dans l’ensemble, les fonctionnaires perçoivent le télétravail comme une nouveauté beaucoup plus applicable, en général, dans le secteur privé et, en particulier, au sein des structures propices aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Depuis le début de l’épidémie de coronavirus en Côte d’Ivoire, Appolinaire Tapé Djédjé, Président de la Confédération des syndicats des fonctionnaires de Côte d'Ivoire (COSYFOCI) a plutôt plaidé pour que les fonctionnaires qui prennent des risques en allant travailler pendant cette période puisse bénéficier de primes conséquentes. En attendant une reprise normale du travail, la rotation du personnel dans les services semble la tendance la plus répandue.

Raphaël TANOH

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