Dieudonné Bougne, PDG de Bocom International « J'ai une rage pour le développement du Cameroun et de l'Afrique ! »

On se demande bien pourquoi il n’intervient pas plus souvent dans les médias et les conférences sur le développement de l’Afrique ? Parti de rien, le parcours de Dieudonné Bougne est tout simplement impressionnant et mériterait d’être vulgarisé au maximum auprès des Africains.

Vu la taille de la villa dans laquelle il nous reçoit dans son village à Bansoa ce samedi 16 avril, il est impossible de croire que celui qui gagnait à peine 200 FCFA (moins de 50 centimes d’euro) par jour au début de sa carrière à dix-huit ans est aujourd’hui l’un des industriels qui comptent dans le paysage économique camerounais. Mieux encore. Sans diplôme supérieur, Dieudonné Bougne est l’un des précurseurs du green business et de la création des écoentreprises au Cameroun et en Afrique centrale, où le groupe Bocom est en pleine expansion : transformation sur place des matières premières, écosystèmes industriels, préservation de l’environnement, soutien aux communautés locales et développement de l’Afrique sont les principales obsessions de cet entrepreneur exceptionnel. Entretien.
Les Afriques : Qui est Dieudonné Bougne ?
Dieudonné Bougne : Je suis un Camerounais, marié avec quatre femmes et père de beaucoup d’enfants. Chacune de mes femmes s’occupe du département finance des entreprises du groupe Bocom que je dirige. J’ai la ferme volonté de contribuer au développement de mon pays. Au fur et à mesure que j’avance, j’observe la nécessité de saisir d’autres opportunités.
LA : Parti de rien, vous êtes aujourd’hui l’un des capitaines d’industrie au Cameroun et en Afrique. Comment en êtes vous arrivé là ?
DB : Ce serait très long à raconter, mais je vais simplement insister sur quelques moments importants de ma carrière. A 18 ans, j’assistais les ressortissants nigérians basés au Cameroun dans l’exploitation du sable. Pour un salaire de 200 FCFA/jour, j’assurais le chargement et le déchargement des camions de sable. A dix-neuf ans, je deviens docker au port de Douala, malgré le fait d’être mineur (au Cameroun, la majorité est à vingt et un ans, ndlr). Mon salaire oscillait entre 30 000 et 60 000 FCFA. Après seize ans de travail au port, je démissionne. Mais dès mon embauche au port de Douala, mon ambition était de faire des économies pour l’ouverture d’un atelier de couture. Ainsi, le premier salaire m’a permis d’acheter une machine à coudre et je raccommodais le soir après le travail. J’ai mené de front les deux activités, car en 1982 j’étais docker et j’embauchais 42 personnes dans mon atelier de couture. Et ce n’est pas tout. Je gérais parallèlement des taxis, des camions bennes pour le transport et la commercialisation du sable, ainsi qu’un moulin pour la transformation du maïs et des tomates.
En plus de mon salaire de docker, toutes ces activités parallèles me rapportaient 100 000 FCFA (environ 150 euros) par jour. Mon départ du port sera précipité par un contexte social très difficile. En effet les relations avec les autres dockers étaient devenues tendues car ils ne comprenaient pas pourquoi on travaillait ensemble, alors que je ne manquais de rien, que je gagnais beaucoup d’argent au moment où certains d’entre eux étaient incapables de se restaurer à midi par manque de moyens. Entre 1990 et 1992, ma femme effectuait des déplacements au Togo et au Bénin pour l’achat de marchandises qu’elle revendait au Cameroun. Lors du rangement, on notait la mention « made in China ». Malgré la réticence de ma femme, je décide qu’on doit s’approvisionner à la source. En 1994, on effectue donc le premier voyage à Hong-Kong…
LA : Vous êtes arrivé à l’import-export, notamment entre la Chine et le Cameroun. Mais quand on sait que la création d’industries en Afrique n’est pas facile, comment avez-vous réussi ?
DB : En 1996, je m’associe à un industriel camerounais pour la création de Bocam, qui récupère les huiles usagées, les décante avant la revente. Mais suite à un différend, on se sépare et je crée Bocom International en 2001.
LA : Malgré cette mésaventure, on va quand même préciser que c’est vous qui êtes à l’origine de cette activité de traitement des huiles usagées et des déchets en général, qui fait partie du créneau « green business ». Pourquoi une telle motivation pour la création d’activités dans le domaine de l’environnement ?
DB : En 1996, alors qu’avec ma femme on effectue encore le trajet Douala-Hong-Kong, le vol Swissair est plein et on prend Air France. Arrivés à Paris, l’absence de correspondance oblige Air France à nous loger. C’était donc la première fois que nous sortions des zones de transit pour fouler un territoire européen. Je suis frappé par la propreté de la ville de Paris et me demande pourquoi le Cameroun ne peut pas être aussi propre. C’est cette motivation qui me pousse à la création d’une activité de traitement des déchets dangereux, qui étaient à l’origine de plusieurs maladies. Aujourd’hui, Bocom incinère 3 tonnes de déchets et traite 800 batteries par jour. Quant à la centrifugeuse, elle traite 6 tonnes d’huile par jour. Nous avons été formés par les Américains sur le traitement des déchets dangereux (produits chimiques, déchets hospitaliers, huiles et filtres usagés) et des batteries.
LA : On ressent chez vous une très forte volonté de création d’activités…
DB : J’ai une rage pour le développement du Cameroun et de l’Afrique. Il faut montrer aux yeux du monde que nous sommes capables de transformer nos matières premières, de développer notre pays et notre continent.
LA : Revenons si vous le voulez bien à vos projets d’économie verte. En plus des initiatives de green business déjà évoquées, votre groupe met en place des éco-initiatives dans les activités polluantes, comme la gestion des stations-services. Pouvezvous nous en dire plus ?
DB : Dans les stations-services, les eaux de ruissellement sont retraitées par Bocom. C’est également le cas pour les chiffons souillés et les filtres usagés. Dans les parkings, nous avons mis en place des fûts pour récupérer les déchets et les huiles de vidange. Ils seront ensuite valorisés.
LA : Dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises, en plus de l’environnement, le groupe Bocom mène également plusieurs actions dans le domaine social. Quelles sont-elles ?
DB : Nous avons effectivement réalisé un certain nombre d’initiatives sociales pour les salariés : assurance, médecine du travail et cotisation sociale. Tous nos salariés sont inscrits à la Caisse nationale de prévoyance sociale. Pour les communautés locales, nous construisons et équipons des centres de soin et soutenons la réalisation des sites d’adduction d’eau. Sur ce dernier point, notre stratégie est la suivante : partout où Bocom installe une station-service, nous construisons un forage pour les populations. Nous construisons également pour elles des écoles et des églises. Après l’obtention de mon premier contrat, j’ai fait construire une église à Bansoa, qui est mon village, et par la suite fait bitumer un tronçon de route. Dans les stations-services, nous avons fait construire des mosquées.
LA : Vous n’oubliez pas non plus la ville de Mélong, où vous avez grandi…
DB : Tout à fait. Je me souviens qu’à mon jeune âge, pour faire des économies de pétrole, j’apprenais les leçons grâce au feu de bois. C’est la raison pour laquelle j’ai contribué à l’électrification rurale de mon quartier de Mélong pour permettre à d’autres jeunes d’étudier dans de meilleures conditions. Pour un investissement de 15 millions FCFA (près de 23 000 euros), près de dix familles ont été directement raccordées au réseau. J’ai également offert gracieusement six mois de consommation d’électricité à ces habitants. Le financement des infrastructures de distribution a ainsi permis aux autres habitants du quartier de s’alimenter en électricité.
LA : Quand on a un agenda comme le vôtre, comment réussir à allier vie privée et vie publique ?
DB : Je n’ai presque pas de distractions, sauf avec mes enfants. Sinon mon quotidien, c’est travail et famille. Je voyage aussi beaucoup pour rendre visite à mes enfants à l’étranger. Ici au Cameroun, quand je rentre du travail, je surveille les devoirs des enfants avant une séance de jeu avec eux. Mon autre passion, c’est la prière et la musique religieuse. Je tiens également à préciser que ma plus grande fierté aujourd’hui est l’inscription de mes enfants dans les meilleures écoles et universités du monde.
LA : Quels sont vos conseils à destination des jeunes Africains qui souhaiteraient réussir dans les affaires comme vous ?
DB : Il faut croire en ce qu’on fait et être honnête. Avec ça on arrive à s’en sortir. Même s’il y a des embûches, l’ambition doit rester intacte car c’est ainsi qu’on arrivera à ses fins. Aujourd’hui par exemple, la Société Générale des Banques du Cameroun me prête 1 milliard FCFA (1,5 million d’euros) sans garantie, et rien qu’avec ma caution personnelle. Plusieurs banques sont à ma porte tous les jours pour proposer des offres de financement. Pourtant, au début de mes activités, j’avais toutes les difficultés du monde pour obtenir un simple prêt bancaire.
Propos recueillis par Thierry Téné et Josiane Maténe depuis Bansoa, au Cameroun

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