La rentrée parlementaire va marquer l’installation officielle du deuxième pilier de l’architecture institutionnelle. Plurielle par sa composition et nouvelle par la présence de nombreux indépendants (75 élus), le visage de l’Assemblée nationale est inédit. Avec les ralliements ou le maintien de s’assumer jusqu’au bout, ces députés d’un type nouveau ont prouvé leur assise populaire et surtout leur capacité à contester par les urnes les décisions du sommet qu’ils jugent injustes ou défavorables. L’opinion les verra à l’œuvre et jugera leur attitude dans la gestion de la confiance des électeurs tout au long de la législature qui éclairera sur leur maturité. Gare aux transhumants alléchés par des strapontins ! Cette entrée en lice pourrait être une aubaine pour le gouvernement qui s’est retrouvé seul au créneau face à la fronde sociale, y compris avec des mutineries ayant rappelé une époque de triste mémoire. Il pourrait donc s’agir, pour le Premier ministre et son équipe, d’un bol d’air à mettre à profit pour partager le fardeau social avec leur binôme constitutionnel. Les législateurs, par leur mandat issu des citoyens et leur vocation de deuxième pouvoir, touchent du doigt les frustrations des populations, en même temps qu’ils mesurent les contraintes du gouvernement dont ils sont censés contrôler l’action. En fait, ils constituent des relais entre gouvernants et gouvernés et peuvent, à ce titre, contribuer à amortir les chocs sociaux en faisant le travail pédagogique pour expliquer à ceux qui mettent le front social en ébullition, la part des choses entre le souhaitable et le possible. Ainsi, en plus de légiférer, les élus de la nation pourraient grandement contribuer à restaurer une trêve sociale, faute d’une paix des braves durable dans le pays.