Les images d’esclaves vendus en Libye ont choqué, mais la vague d’indignation qui s’en est suivie s’estompe. En attendant le début des enquêtes, les actions, après les réactions, sont rares sur le continent. Pourtant, les chiffres font froid dans le dos et n’annoncent guère un avenir radieux. La Banque africaine de développement (BAD) nous apprend que, sur 420 millions de jeunes dont l’âge varie entre 15 et 35 ans, sur notre continent, un tiers n’a pas de travail et est découragé et un autre tiers n’occupe que des emplois précaires, avec seulement un jeune sur six qui a un emploi rémunéré. En face, seulement 3 millions d’emplois formels sont créés annuellement, alors que de 10 à 12 millions de jeunes africains arrivent sur le marché du travail chaque année. Si les mêmes taux perdurent, dans une dizaine d’années plus de 250 millions de jeunes se retrouveront au chômage et seront découragés et économiquement inactifs. C’est une véritable bombe sociale, dans un continent où les politiques d’emploi laissent à désirer. Tous s’accordent pourtant sur le fait que l’Afrique est le continent de l’avenir, avec des opportunités d’investissements et donc de création d’emplois. Mais, dans les faits, que de défis à surmonter !
Il faut sortir des salons feutrés et des théories fumeuses pour proposer au plus vite du concret à une jeunesse sans repères et en attente de solutions immédiates. Le nombre croissant de startup et d’initiatives individuelles est réjouissant, mais tout cela est insuffisant et souvent mal encadré. La jeunesse africaine, fer de lance du continent, ne mérite pas ce qu’elle subit et vit au quotidien. Une thérapie de choc s’impose. Sortir les grands moyens, comme les « dragons » asiatiques est une piste parmi d’autres. Repenser les politiques d’adéquation entre la formation et l’emploi ou l’entreprenariat en est une autre. Bougeons, levons-nous, faisons sauter les verrous ! Sauvons la jeunesse africaine des noyades collectives !
Ouakaltio Ouattara