Plus rien ne va dans la filière hévéa. Les producteurs broient du noir et ne savent plus à quel saint se vouer.
Le kilo de caoutchouc naturel valait 260 francs CFA en octobre et 266 en septembre. Et depuis le prix n’a pas varié. Alors qu’il y a quelques années, le même kilo se vendait plus de 500 francs CFA.
Crise aigüe Selon le Président du Collectif des organisations professionnelles agricoles de la filière hévéa (COP-hévéa), Michel Koblavi-Dibi, le prix de l’hévéa est indexé sur le prix du pétrole. Le prix du caoutchouc naturel est aussi dépendant de la croissance mondiale. « C’est tout cela qui impacte le prix, qui est fixé à Singapour. L’Association des professionnels du caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (APROMAC) suit ce prix et fixe le prix national en fonction du marché international. Ce n’est donc pas l’État qui fixe les prix », note cependant M. Koblavi-Dibi. L’autre problème qu’il n’a pas manqué de relever, c’est l’existence de nombreuses taxes. Parmi celles-ci figure l’imposition de 5% sur le chiffre d’affaires des usiniers. « Ce taux de 5% sur le chiffre d’affaires a plombé les investissements au niveau des industriels. Ce qui empêche la création de nouvelles unités. D’où la mévente », ajoute l’expert. Avant d’expliquer que la capacité d’usinage des 19 unités de transformation existantes est de l’ordre de 500 000 tonnes par an, alors que la production de cette année est de 720 000 tonnes, avec une projection d’un million de tonnes en 2020. À cela il faut ajouter la déréglementation de l’exportation, qui a occasionné un arrêt total à cause du refus des armateurs d’embarquer les fonds de tasse humides sur leurs bateaux. Résultat, les usines sont engorgées et cela entraîne la fermeture intempestive des ponts bascules, l’apparition de nouveaux coûts (frais de transfert), la prolongation des délais de paiement, la catégorisation des producteurs et l’imposition de quotas journaliers sur les ponts bascules. Cette situation est à l’origine de désagréments, dont une floraison d’acheteurs véreux qui négocient les prix en deçà de ceux fixés par l’APROMAC. D’après le Secrétaire général de COP-hévéa, Yssouf Camara, si on tient compte de la production ivoirienne, la filière a encore besoin de plus de 50 000 saigneurs. L’État doit, selon lui, prendre des mesures incitatives pour booster la transformation. Il propose aussi que dans les 18 secteurs hévéicoles soient créées de nouvelles unités. Mais, pour ce faire, il faut mettre fin à la taxe de 5% sur le chiffre d’affaires des usiniers.
Raphaël TANOH