Le Comité indépendant dirigé par Mary Robinson, qui devait à son tour plancher sur les allégations de mal gouvernance à la Banque africaine de développement, a rendu son verdict. Il innocente définitivement Akinwumi Adesina, le Président de l’institution.
Akinwumi Adesina, Président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), a été complètement innocenté des allégations de mal gouvernance par le Comité d'examen indépendant dirigé par Mary Robinson, l’ex Présidente de l'Irlande. La constitution de ce panel est survenue suite à une exigence des États-Unis, en leur qualité d’actionnaires de l’institution. Ces dirigeants avaient estimé que la décision prise par le Comité d'éthique du conseil et le Bureau du conseil des gouverneurs était trop favorable à Adesina.
Un pas en avant Dans un document de 31 pages, le panel d’experts disculpe M. Adesina et note que les accusations portées à son encontre par des employés devenus « lanceurs d’alerte » sont « sans fondement », trop souvent « générales », « manquent de précisions et ne sont pas étayées par des preuves ». Avant de préconiser qu’elles soient « rejetées », faute de « crédibilité ». Aucun élément nouveau ne figure dans le rapport du panel d’experts, qui n’avait de toute façon pas mandat pour diligenter ses propres investigations. Ses conclusions sont un soulagement pour le Président de la BAD, qui ressort toutefois fragilisé de cette affaire, survenue en pleine pandémie de nouveau coronavirus. Avec un bilan salué par les actionnaires et ses partenaires, Adesina (60 ans) a notamment réussi à boucler une augmentation de capital massive de 115 milliards de dollars en octobre 2019, même s’il reste très contesté en interne pour sa gouvernance. Depuis le début du scandale, le Président Adesina a toujours clamé son innocence. Pour se défendre, il n’a pas hésité à pointer un acharnement des États-Unis, puis à jouer sur la fibre de l’ingérence occidentale visant à déstabiliser l’institution panafricaine. Au risque d’exacerber les tensions entre certains des 27 actionnaires non régionaux et les 54 pays membres africains. S’il a bénéficié du soutien d’une partie des présidents africains, à commencer par le Nigérian Muhammadu Buhari, soucieux de préserver ou de conquérir des postes stratégiques à l’Union africaine et aux Nations unies, Adesina en a agacé d’autres. Certains lui reprochent un tropisme ouest-africain, mais aussi de confier les postes les plus importants à des Nigérians. Désormais, il reste un mois à Akinwumi Adesina, candidat unique avant l’assemblée annuelle de la BAD, prévue fin août, pour convaincre les actionnaires de lui confier un second mandat.
Yvann AFDAL