Réunis en assemblées annuelles de la BAD en Corée du sud, les experts de l’économie du continent ont noté que l’Afrique n’était pas surendettée mais que le fardeau de la corruption freinait sa transformation économique.
L’émir de Kano, Sanussi II Lamido, ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, a exhorté le mardi 22 mai à Busan les États africains à faire preuve de plus de transparence dans la gestion de leurs économies, estimant que la corruption était un véritable frein au développement du continent. « Il est donc urgent d’améliorer la transparence dans nos États, car celle-ci est clairement liée à la bonne gouvernance », a-t-il affirmé lors d’un panel de haut niveau co animé avec plusieurs ministres africains, en présence du Président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina. Les assemblées annuelles de la BAD, ouvertes le 23 mai, seront donc un cadre d’échanges sur la gouvernance en Afrique. Pour les experts qui y participent, les gouvernants africains doivent reconnaitre qu’ils ont un problème de transparence puis commencer à le résoudre.
Surendettés ? S’il s’est toujours montré méfiant face à la vitesse avec laquelle les pays africains s’endettent, Adesina note qu’aujourd’hui le niveau de la dette de plusieurs pays africains est de 35%, ce qui est, selon lui, en dessous de la norme. « Ce n’est pas mauvais. La norme dans le milieu est de 40% », a-t-il révélé, soulignant que l’Afrique n’était pas en situation de surendettement. Toutefois, le patron de la BAD invite les pays africains à se tourner vers les prêts à long terme avec un taux d’intérêt plus bas octroyés par des institutions financières telles que la sienne. Selon lui, les recours aux recherches de capitaux sur les marchés boursiers sont également une bonne chose, même si les taux d’intérêt sont un peu élevés et les durées sont à court terme en majorité. Début mai, le Fonds monétaire international dressait un tableau contrasté de l’Afrique subsaharienne, marqué par une légère croissance économique par rapport à 2017 mais surtout par une plus grande dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux. Sur les 35 pays à faible revenu en Afrique, le FMI soutient que « 15 sont en surendettement ou risquent fortement de le devenir ». Pour le FMI, l’endettement excessif pourrait aussi aggraver la situation à moyen terme et peser sur la croissance économique de ces pays.
Ouakaltio OUATTARA