Un investissement de 312 milliards de francs CFA, dont environ 190 milliards pour le groupe Émirati Bilal, et 122 milliards pour l’Italo-Suisse MSC. C’est le tour de table financier réussi par la Côte d’Ivoire pour ouvrir un chantier sur le Port de San Pedro.
Le Port autonome de SanPedro (sud-ouest), spécialisé dans l’exportation des matières premières, notamment le cacao et le café, accueillera avant la fin du mois de sep- tembre des travaux de dépla- cement et d’extension du terminal à conteneurs. Il en sera de même pour le prolongement des ouvrages de protection. Pour ce faire, le gouvernement ivoirien a retenu, après appel d’offres, les propositions de deux groupes d’investisseurs. À savoir, le groupe italosuisse MSC, qui apporte 122 milliards de francs CFA, quand l’émirati Bilal, lui, injectera 190 milliards. Bruno Koné, porte-parole du gouvernement, qui a livré cette informa- tion le mercredi 14 septembre, a indiqué que ces travaux, qui se situent dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique du Port de San-Pedro, inscrit au Programme national de développement (PND) 2016-2020, « seront réalisés en BOT, ou Build Operate Transfer, sans garantie de l’État de Côte d’Ivoire ».
Aménagements de grande envergure
Les travaux, qui doivent être achevés et livrés en 2019, consistent à agrandir la superficie à 23 hectares, contre 5 hectares actuellement. La construction d’un terminal miné- ralier est également prévue, de même qu’un autre destiné aux produits pétroliers, et un nouveau terminal à conteneurs plus vaste. L’actuel, déjà géré par MSC, pourra alors être transformé en un terminal polyvalent. Le plan de développement du port prévoit l’aménagement d’une nouvelle zone industrialologistique de 150 hectares, et la construction de nouveaux terminaux portuaires spécialisés. Les autorités du port de San Pedro les dédient au traitement de conteneurs, d’engrais, au stoc- kage de produits pétroliers et gaziers et aux opérations d’exploration pétrolière. Une fois achevés, ces travaux devraient permettre de multiplier par cinq le trafic annuel de ce port d’ici 2020, qui a atteint 4,7 millions de tonnes en 2015. Par ailleurs, dans quatre ans, le Port de San Pedro devrait être doté de huit postes à quai, contre quatre aujourd’hui. La phase 2 de l’extension, avec un grand terminal minéralier, devrait suivre. L’objectif est de diversifier San Pedro pour en faire un hub, et surtout la porte de sortie des exportations de la sous-région. Le cacao, le café, la noix de cajou ou le bois continueront donc de transiter par San Pedro, en attendant la mise en production de nombreux gisements de fer, manganèse et cobalt recensés dans la sous-région, mais encore non exploités. Mais ce n’est pas tout. L’ambition du gouvernement ivoirien est de faire du Port de San Pedro, qui a vu passer 336 767 conteneurs en 2014, contre 77 730 en 2010, l’une des principales plateformes portuaires de la côte ouest du Golfe de Guinée. D’où le projet de construire un chemin de fer vers le Mali, parallèlement aux frontières libérienne et guinéenne. Cela s’accompagnera par le développement des infrastructures routières et de nombreux ouvrages d’art. Pour ce faire, des investissements industriels et touristiques sont aussi prévus à hauteur de 6 000 milliards de francs CFA pour faire de la région de San Pedro un des pôles de développement de la Côte d’Ivoire.
Benoît TANOH