Depuis plusieurs années, les autorités ivoiriennes tentent de trouver une solution à la question des déchets plastiques. L’une serait de miser sur le recyclage de ces ordures, une activité qui peut être rentable.
Le changement climatique ? Ils ne savent pas ce que ça veut dire. La pollution? Ce n’est pas leur tasse de thé non plus. La lutte contre les déchets plastiques ? Ils n’en ont cure. Pour ces hommes, femmes et enfants qui font le commerce de sacs ou sachets plastiques usagés, c’est une simple coïncidence si leur action contribue à assainir l’environnement. Ils sont des dizaines à parcourir les rues de la capitale économique tous les jours à la recherche de déchets plastiques dans les eaux boueuses, les poubelles, les tas d’ordures, la décharge d’Akouédo, etc.
Petit métier Ces gens n’hésitent pas à fourrer leurs mains partout, sans aucune protection et au mépris des règles d’hygiène et de santé. « Nous vendons le kilogramme 100 francs CFA à des intermédiaires », explique Moktar Baldé, 17 ans, qui mène cette activité depuis deux ans. Après la pré-collecte des sachets plastiques, il faut les nettoyer et donc se rendre dans la rivière qui coule près de forêt du Banco. Les femmes y sont les plus nombreuses. Selon Mariam Sidibé, l’une d’entre elles, c’est un boulot ingrat, mais elle peut gagner jusqu’à 2 000 francs CFA dans la journée. On lave les sachets avant de les sécher, puis, après séchage, ils sont conditionnés sous forme de balles, pesés et vendus aux industriels. Ensuite, ce sont les intermédiaires qui prennent le relais. Ils revendent le kilogramme 200 francs CFA aux usines. Les sachets sont broyés pour obtenir une poudre qui servira à fabriquer divers objets, bâches, seaux, ustensiles de cuisine, etc. Une responsable d’une société de transformation située dans la zone industrielle de Yopougon confie qu’il lui arrive de faire des achats pour près d’un million de francs CFA, dans la journée. Cette situation s’explique selon elle par une réduction considérable de l’approvisionnement en polystyrène, substance chimique qui entre dans la fabrication des objets en plastique, augmentant ainsi le coût de production. C’est pourquoi, aujourd’hui, la valorisation des déchets plastiques voulue par le ministère de l’Assainissement et de la salubrité est de plus en plus une réalité. En témoigne la récupération de chaussures plastiques usagées (25 francs), de plus en plus pratiquée.
Raphaël TANOH