La Côte d’Ivoire ambitionne de faire passer sa capacité de transformation du cacao de 30% aujourd’hui à 50% à l’horizon 2020, a annoncé récemment, à Washington, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. La question reste toutefois celle du développement, voire de l’existence d’un marché local.
Premier producteur mondial de cacao, la Côte d’Ivoire veut atteindre un taux de transformation de 50% d’ici à 2020, contre 33% actuellement. Dès lors, la question est de savoir si le marché local peut absorber ces produits une fois sortis de des usines. Autre préoccupation, une stratégie commerciale peut-elle permettre de soutenir l’émergence d’une réelle industrie du chocolat en Côte d’Ivoire par le développement de la consommation locale ?
Pour Aristide Ewhouno, ingénieur marketing au Technocentre AMEA, « si le premier pan d’une stratégie semble bien entamé avec la naissance d’un réel tissu industriel national, le challenge de la consommation locale des produits transformés à partir du cacao, semble encore hors d’atteinte ». En effet, la plupart des acteurs de la filière estiment que le marché local génère encore trop peu de rentabilité pour absorber l’offre des produits finis encore majoritairement exportés vers l’Europe. Tout simplement parce que le consommateur ivoirien semble ne pas être sensible à l’argument « made in Côte d’Ivoire», explique M. Ewhounou. Il en veut pour preuve une étude du programme quantité qualité croissance (2QC) 2014-2023, réalisée par le ministère de l’Agriculture en mars 2014. Ce document révèle que « le faible niveau de consommation locale, qui se situe entre 2 et 3% des productions, est un handicap pour le développement des Petites et moyennes industries (PMI) de transformation locale du cacao et du café ». Ce faible niveau de consommation est imputable, non seulement au prix des produits qui est une composante essentielle dans la décision du consommateur, mais aussi aux goûts non adaptés, aux modes de consommation, à l’environnement et au pouvoir d’achat des consommateurs nationaux, sous-régionaux et régionaux.
Marketing Pour ce faire, une réelle étude de marché s’impose. Et la mise en œuvre d’une stratégie marketing devrait amener les acteurs du domaine à surfer sur l’aura de marques internationales tout en promouvant la recherche et les innovations de sorte à s’adapter aux spécificités du marché ivoirien : disponibilité et qualité des intrants, humidité du climat, habitudes de consommations, fêtes culturelles et religieuses, explique M. Ewhounou. Il affirme toutefois que « l’enjeu de la consommation locale d’une part importante de la production de café/cacao dépendra indubitablement du succès des politiques économiques pour le renforcement de la classe moyenne, mais aussi et surtout de l’ingéniosité des acteurs gastronomiques et marketing à concevoir des offres gourmandes avec de fortes références internationales. ».
Benoît TANOH