Violences faites aux femmes : Stop ou encore ?

Ce 25 novembre, comme chaque année, marque la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Un combat qui concerne de nombreux pays. En cette période marquée par des confinements et autres mesures restrictives, obligeant les familles à cohabiter beaucoup plus longtemps, les chiffres des violences ont augmenté dans certains pays, notamment en Europe. En Côte d’Ivoire, la situation n’est guère plus reluisante que sous d’autres cieux. Les femmes continuent de faire l’objet de violences en tous genres. Alors que les autorités cherchent les voies et les moyens pour endiguer le phénomène, les us et coutumes ne facilitent pas les choses.

Annie M. était Madame tout le monde. Mère de deux enfants, femme au foyer à Cocody-Centre, totalement dépendante financièrement de son conjoint. Vivant en concubinage depuis 2005 avec ce dernier, elle a fini par s’en séparer en 2012, malgré leurs deux enfants. Cela a été, à l’entendre, une grosse bouffée d’air dans sa vie. Son compagnon, selon le témoignage d’Annie, la trouvait trop jalouse. C’était le prétexte tout trouvé pour la battre à chaque fois qu’il rentrait tard la nuit et qu’elle venait s’enquérir de la raison. L’alcool aidant, ses sautes d’humeur allaient bon train. « Les voisins venaient toujours frapper à la porte. Et c’était honteux, parce que les gens en parlaient dans mon entourage», explique-t-elle. Annie M. ajoute qu’elle passait parfois des jours entiers à la maison, sans sortir, quand elle avait l’œil au beurre noir. Ses propres parents n’étaient pas informés de la situation. Mais elle avait peur de quitter son conjoint, à cause des enfants, à cause de sa dépendance financière vis-à-vis de ce dernier et, surtout, parce qu’elle ignorait ce qu’elle ferait si elle le quittait.

Et puis, un soir, elle a jugé que c’en était trop. Annie M. a pris ses affaires et est allée s’installer chez sa mère, au Plateau-Dokui, avec les enfants. Aujourd’hui, elle vit avec un autre homme, qui l’a épousée. « Beaucoup de femmes sont dans cette situation, mais elles ont peur de partir ou de dénoncer leur partenaire. Il faut le faire, sinon elles vont continuer à être battues », interpelle-t-elle.

Difficultés Une enquête menée durant la période du couvre-feu instauré durant la crise sanitaire, par l’Organisation des citoyennes pour la promotion et défense des droits des enfants, femmes et minorités (CPDEFM), montre qu’au moins 7% des femmes à Abidjan ont déjà été violentées par leur conjoint dans le début de la pandémie de Covid-19. Irad Gbazalé, fondatrice et Présidente de l’ONG Femmes en action, apporte un soutien quotidien à des femmes victimes de violences à Abobo. À l’entendre, les femmes éprouvent d’énormes difficultés à obtenir justice lorsqu’elles subissent des violences conjugales.

Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) confirme que depuis la pandémie à coronavirus les femmes sont plus vulnérables dans les communautés en Côte d’Ivoire. Leur charge de travail est de plus en plus élevée et elles sont de plus en plus victimes de violences.

Mutilations Les chiffres de 2020 en Côte d’Ivoire indiquent que 3 157 personnes survivantes de Violences basées sur le genre (VBG), le terme désormais consacré, ont été prises en charge par les plateformes de lutte, dont 2 674 femmes et filles. 55% des cas de viol ont également été pris en charge dans un délai de 72 heures, 85% des alertes de mariages forcés ont été signalées et 56% des alertes de Mutilations génitales féminines ont été gérés avec succès. En Côte d’Ivoire, ces Mutilations génitales féminines (MGF), classées comme une forme de violences faites aux femmes, continuent d’inquiéter les autorités. D’après les derniers chiffres, le Nord-Ouest du pays est le plus touché, avec le taux élevé de 79,5% de filles et/ou de femmes de 15 à 49 ans excisées. Le taux le plus faible est celui de la région du Centre, où on parle de 12,2% de filles et/ou de femmes. Dans la ville d’Abidjan, la prévalence est de 36% et au niveau national de 38%. Pour combattre le phénomène, des leaders comme le Docteur Yao Kouadio Côme, médecin, commissaire de police, spécialiste en chirurgie intime, gynécologue obstétricien, se sont mobilisés. « La toute première voie que j’utilise pour lutter contre cela, ce sont les conférences. À cette occasion, certaines ONG me sollicitent pour intervenir sur les MGF. Pendant les consultations également, nous en profitons pour sensibiliser. Les MGF se pratiquent partout en Côte d’Ivoire. Nous sensibilisons et continuerons de le faire sur les conséquences de l’excision. La femme est constituée ainsi naturellement », note-t-il.

Influences Selon les services de police, dans la nuit du 27 avril dernier, à Bouaké, les sapeurs-pompiers ont porté secours à une mère de six enfants qui venait d’être battue par son conjoint. Les agents de police du commissariat du 3ème arrondissement, qui sont intervenus, ont relevé des enflures sur ses lèvres et sur son visage. Elle sera conduite à l’hôpital. Des cas similaires ont été recensés à Vavoua, à Katiola. Déjà, une enquête menée sur le sol ivoirien en 2019 avait relevé une vingtaine de féminicides dans la capitale économique ivoirienne pour cette seule année. Pourquoi tant de violences ? Si ces pratiques prennent de l’ampleur, c’est parce que la culture, à entendre Irad Gbazalé, influence énormément le regard que les gens portent sur ce type de violences. En Afrique, dit-elle, on trouve normal qu’un homme batte sa femme. Donc une femme qui prend le risque de dénoncer son mari à la police parce qu’elle est battue est traitée de tous les noms. D’après Sylvia Apata, juriste experte des droits des femmes et Présidente de l’ONG Citoyennes pour la promotion et la défense des droits des enfants, femmes et minorités (CPDEFM), si ces violences adviennent, c’est aussi parce que la société ivoirienne dans son ensemble est coupable. Elle conçoit la violence conjugale comme quelque chose de normale et parfois même de banal. Pour Chantal Ebenan, la Secrétaire générale adjointe du Syndicat des sages-femmes de Côte d'Ivoire, il faut commencer par vaincre les préjugés. « Ce sont des pratiques qui doivent disparaître de nos jours. Tout ce qui est violences faites aux femmes, de l’excision, qui continue à être pratiquée, aux viols. Les premières qui doivent faire en sorte que cela cesse, c’est nous. Il faut en parler, il faut dénoncer les cas », explique-t-elle.

Face à la situation, le ministère de la Femme, de la famille et de l’enfant a augmenté la sensibilisation et les appels à la dénonciation des cas. Un numéro vert a également été mis en place. Le gouvernement a aussi doté 29 commissariats de police de bureaux Genre, pour la prise en charge des violences basées sur le genre. Il s’agit de bureaux annexes, isolés du bâtiment central et animés par un officier assisté d’un sous-officier, tous bien formés. Mais, face à la répression, les femmes sont prises parfois dans une sorte d’imbroglio. Cela parce que les pesanteurs sociales ont encore la peau dure. Mais, au-delà, entre ester en justice et sauver son foyer, plusieurs femmes préfèrent choisir la seconde option, gardant espoir en des lendemains meilleurs. Sauf que cela peut durer une éternité et s’avérer fatal pour ces dernières. La ministre Ramat Bakayoko-Ly, qui a reconnu que les violences conjugales ont augmenté durant cette période de Covid-19 en Côte d’Ivoire, a mis en garde les auteurs de ces faits. L’État va de plus en plus sévir. Alors, pour les nombreux couples visés, le message est clair : faites l’amour et non la guerre!

Raphaël Tanoh

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