Permis à points : Quelle efficacité pour quel mode d’emploi?

Les accidents de la route font de plus en plus de victimes.

Depuis quelques années, le gouvernement a décidé de s’attaquer à l’incivisme sur les routes. Malgré les nombreuses réformes apportées au secteur des transports, le nombre de décès liés aux accidents de la circulation reste préoccupant. D’où l’instauration du permis à points, qui entre en vigueur en mars prochain. Mais cette mesure pourra-t-elle changer les choses ? Dans le contexte ivoirien, où la délivrance du permis de conduire ne se fait pas toujours dans les règles de l’art, il y a de quoi être inquiet. Les accidents, parfois rocambolesques, apportent de l’eau au moulin de ceux qui pensent qu’il faut durcir la réglementation sur la conduite routière afin de mieux discipliner les conducteurs.

Le mercredi 18 janvier dernier, le Conseil des ministres décidait de faire appel au permis à points pour contrer le taux toujours très inquiétant des accidents de la circulation. Longtemps mijotée, cette solution à mis du temps à s’imposer comme ultime recours à l’incivisme notoire enraciné sur nos routes. Et pour cause : le permis à points est un couteau à double tranchant. Dimanche 22 janvier, Étienne Kouakou, Directeur de la Coordination des transports terrestres et des relations extérieures à la Direction générale des Transports terrestres, notifiait aux Ivoiriens l’intransigeant processus de retrait de points. Chaque permis sera doté de 12 points, la moindre infraction entraînant le retrait de certains. Selon le document établi par le ministère des Transports, les infractions routières entraînant le retrait de 6 points sont les suivantes : usage du téléphone en situation de conduite d’un véhicule automobile ; dépassement des vitesses maxima réglementaires au-delà de 20km/h de la limite ; dépassement à droite, sauf quand il est toléré ; dépassement dans des conditions telles qu’il a gêné la circulation en sens inverse ; retour à droite prématuré après un dépassement ; conduite après usage de stupéfiants ; alcoolémie supérieure à 0,8g/l; etc. Parmi les infractions entraînant le retrait de 4 points, il faut noter le refus de serrer à droite pour laisser passer ; le non-respect des règles de priorité ; le non-respect du sens giratoire ; la circulation sur le trottoir ou sur l’accotement en marche normale ; la circulation sur le terre-plein central en marche normale ; le stationnement gênant la circulation ou entravant l’accès des immeubles riverains ; le non-respect du feu vert ; le transport sur cyclomoteur d’un enfant de moins de 5 ans sans siège muni de courroie d’attache, etc.  S’agissant des infractions qui causent le retrait de 3 points, la liste est toute aussi longue : usage abusif de signaux sonores ; usage sonore de nuit sans nécessité ; usage abusif d’avertisseur sonore ; usage de passage réservé au service de sécurité ; circulation sur la bande d’arrêt d’urgence en marche normale ; descente d’un véhicule sans précaution, etc.  Infractions entraînant le retrait de 2 points : non port de la ceinture de sécurité ; croisement sans serrer à droite ; défaut d’éclairage ou de signalisation à l’avant ou à l’arrière ; véhicule non autorisé remorquant un autre véhicule ; transport sur cycles ou cyclomoteurs de plus d’un passager, etc.

Main lourde Le document n’inclut aucune infraction entraînant le retrait d’un point. Ce qui fait dire aux acteurs du secteur du transport que la mesure est un tantinet sévère. « Quand on voit le système de retrait des points, on se dit que le gouvernement a vraiment voulu sévir. Pour un permis qui ne dispose que de 12 points, une infraction comme le téléphone au volant entraîne à elle seul le retrait de 6 points. C’est dur. Cela veut dire que si vous êtes pris deux fois dans la journée avec le téléphone au volant, vous perdez votre permis de conduire le même jour », souligne Adama Yéo, transporteur, Porte-parole du Groupement des chauffeurs. Pour Abdoulaye Sylla, Président de la Fédération nationale des Syndicats des chauffeurs de Côte d’Ivoire (FENSCI), le permis à points est une bonne chose, dans la mesure où il ne cible que le conducteur fautif. Toutefois, M. Sylla insiste sur les habitudes. « Tout ce qui est nouveau a besoin d’être expliqué et intégré par les usagers », fait savoir le transporteur, qui demande un peu plus de temps aux autorités pour le mettre en pratique. Prévu pour entrer en vigueur en mars prochain, le permis à points ne laisse que deux mois aux Ivoiriens pour comprendre son fonctionnement. La vidéo verbalisation, selon Abdoulaye Sylla, a déjà du mal à faire payer les amendes aux personnes prises en infraction. Sur les 5 millions d’infractions commises, l’État n’en a notifié que 3 millions aux usagers et seulement 30% de ces infractions ont été recouvrées. La nouveauté d’un système, d’après le Président de la FENSCI, crée toujours des lourdeurs au début.

Précipité Retrait de points trop rigoureux ou mise en œuvre trop précipitée ? « La plupart des chauffeurs ne savent pas quelles infractions sont les plus élevées, ni même si certaines de leurs inconduites sont des infractions. Ils ont besoin d’une formation avant d’appliquer le permis à points », plaide pour sa part Raymond Soumahoro, Président du Mouvement national des Chauffeurs de taxis de Côte d’Ivoire (MONACT-CI). Vu le nombre d’usagers concernés sur l’ensemble du territoire national, cette proposition paraît manifestement impossible à envisager. Or, sans formation, Raymond Soumahoro craint qu’ils n’y ait de nombreux permis annulés dès les premiers mois, aussitôt que la mesure entrera en vigueur. Même si Etienne Kouakou estime que les chauffeurs n'ont pas à avoir peur du permis à points. Drissa Diaby, le Président de l’Association des détenteurs de Taxis-compteurs de Côte d’Ivoire avait appelé cette mesure de tous ses vœux. Mais M. Diaby évoque l’application sur le terrain. « Toutes les décisions prises par les autorités sont salutaires. Mais nous avons un gros problème en Côte d’Ivoire, c’est que les mesures ne sont pas appliquées correctement. Ce qui fait que nous avons toujours dans nos rues des chauffeurs irresponsables. La seule chose qui peut tout changer, c’est la répression. Ce n’est pas une question de formation, comme on l’a entendu dire. Tout le monde commet des infractions, le plus souvent des intellectuels », informe le transporteur.

Formation D’abord, ajoute Drissa Diby, est-on sûr qu’il n’y aura pas de favoritisme pour certaines personnes prises en infraction ? Ensuite, le leader syndical se dit réticent sur la mesure de réintégration des usagers qui verront leurs permis annulés. À l’entendre, aucun Ivoirien n’acceptera d’attendre deux ans avant de retrouver son autorisation de conduite. « Beaucoup de gens vivent de cela. S’ils ne peuvent pas conduire, ils ne pourront pas nourrir leurs familles », rappelle M. Diaby. Le seul choix qui s’offrira à eux sera donc d’aller dans un centre de perfectionnement pour y suivre une formation. C’est la seconde solution que le gouvernement offre aux usagers qui perdront les 12 points de leur permis de conduire. Lesdits centres de perfectionnement n’étant pas connus de tous, aux dires de Drissa Diaby, ce sera difficile de retrouver son permis une fois celui-ci annulé.  

En dépit de tout, ce système pourra-t-il réduire les accidents de la route ? Tous les usagers sont unanimes là-dessus. « Si c’est bien appliqué, les accidents vont baisser », assure Drissa Diaby. « La vidéo verbalisation a déjà changé certaines choses dans le comportement des chauffeurs. Le permis à points sera déterminant, parce que tout un chacun aura peur désormais de commettre des actes d’incivisme sur la route », indique Abdoulaye Sylla. Quant à Adama Yéo, il conclut que seule la répression viendra à bout de l’incivisme. Une chose que le ministre des Transports, Amadou Koné, compte appliquer. Toutefois, la réussite du permis à points ne sera efficace qu’avec le développement de la vidéo verbalisation sur chaque axe routier, pour épingler les chauffards. C’est pour cela que le gouvernement a décidé d’acquérir d’urgence des radars mobiles et d’installer le plus de caméras possible sur nos routes. Le compte à rebours est donc lancé pour faire baisser le nombre de morts liés aux accidents de la route en 2023.

Raphaël TANOH

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