Adopté le 30 juillet 2018 par la majorité, mais rejeté par l’opposition parlementaire, qui a quitté l’Hémicycle au moment du vote, le nouveau Code électoral burkinabé fait de la carte nationale d’identité du Burkina et du passeport, les seuls documents nécessaires pour s’inscrire sur les listes électorales.
Pointant du doigt l’absence de consensus autour notamment de certaines dispositions de cette loi jugées sensible, l’opposition dénonce un passage en force, susceptible de mettre à mal la cohésion sociale. Censées favoriser le vote des Burkinabé de l’étranger, les nouvelles dispositions « marquent un progrès », plaident les défenseurs du texte.
Ce serait plutôt le contraire, estiment les détracteurs de la loi, qui ajoutent que limiter les documents de vote au passeport et à la carte nationale d’identité conduit à exclure du vote de nombreux Burkinabé installés à l’extérieur et détenteurs de cartes consulaires. Estimés à environ 10 000 000 de personnes, dont 4 000 000 d’électeurs, les Burkinabés de l’extérieur sont environ 985 000 à posséder une carte consulaire biométrique en Côte d’Ivoire.
Outre les difficultés liées au coût d’accès au passeport, la nouvelle loi va « exposer la diaspora détentrice de cette pièce aux exactions des forces de sécurité, notamment policières, aux frontières et à l’intérieur des pays hôtes », soutiennent les opposants à la loi.
Ambiguïtés dangereuses Loin donc de favoriser la participation de tous les citoyens burkinabé à la gestion du pays, comme le soutiennent les partisans du nouveau Code, il serait une « vraie loi d’exclusion », selon le NAFA, un parti d’opposition. Plus grave, pour ce parti, l’article supprimé est maintenu dans les dispositions transitoires de la nouvelle loi jusqu’en 2021. « Cela va créer la cacophonie, source de fraudes immenses, car plusieurs pièces serviront pour le vote », ajoute le parti.
Déplorant que « le Code électoral soit livré aux instincts électoralistes », l’Alliance pour la démocratie et la fédération / Rassemblement démocratique africain invite le gouvernement à « reconsidérer sa position et à s’inscrire dans le sens de l’histoire ». Soulignant « la négation manifeste du droit de vote de milliers de Burkinabé », l’Alliance relève que les autorités, qui avaient elles mêmes reconnu la « carte consulaire comme fiable et sûre », remettent désormais en cause la sûreté de l’identité de leurs concitoyens établis à l’extérieur.
La nouvelle loi, doit gérer les futures échéances, dont la présidentielle, prévue en 2020 pour désigner un successeur au Président Roch Marc Christian Kaboré, élu en 2015.
Fatoumata Maguiraga