Adama Diomandé: « Je suis convaincu qu’il y aura un ticket RHDP en 2020 »

Depuis son retour à Abidjan, Adama Diomandé multiplie les actions de bons offices au sein de son parti.

En France depuis une trentaine d’années, Adama Diomandé a décidé de regagner son pays afin de participer activement à la vie politique de son parti, le Rassemblement des républicains (RDR). À 64 ans, ce proche d’Alassane Ouattara croit en un avenir radieux pour la famille des Houphouëtistes, avec en leur sein les ex- Forces nouvelles.

Vous rentrez au pays à la veille d’un congrès décisif de votre parti, le Rassemblement des républicains (RDR). Comment sentez-vous les choses avec tout ce qui se passe déjà autour de cette échéance?

Je suis heureux d’appartenir à un parti politique qui est en mouvement, où les choses se disent d’une manière franche, même si il y a des faiblesses évidentes auxquelles il faut faire face. C’est pourquoi le retour du chef de l’État à la tête du RDR, par le biais de ce congrès, sera une bonne chose. Le fonctionnement du RDR sous Alassane Ouattara, entre 1998 et 2010, était différent. Il y avait un cabinet qui gérait la stratégie du président pour arriver au pouvoir et il y avait la rue Lepic (siège du parti), qui s’occupait des militants. Aujourd’hui, l’une des difficultés du RDR est que la direction intérimaire n’a pas su faire ce qu’il fallait pour que les militants ressentent tout ce qui a été fait de positif par le Président de la République. Nous qui sommes à l’extérieur, sommes peinés quand nous écoutons les militants. Alassane Ouattara est un modèle, mais son parti n’a pas su expliquer cela aux Ivoiriens. Donc nous devons nous remobiliser pour montrer l’aspect positif du Président de la République. C’est un être humain. Certaines choses n’ont pas été bien faites, mais les bonnes actions sont plus conséquentes que les ratés.

Vous avez dit que le RDR avait des faiblesses évidentes. Quelles sont ces faiblesses ?

L’absence de proximité avec les militants, le manque de solidarité entre les militants et la faiblesse de la communication. Allez faire un tour à la rue Lepic. Pour accéder à un cadre, c’est tout un parcours, même si, notons-le, certains restent accessibles. Ce qui m’importe, c’est qu’en deux mandats le président a propulsé le pays à un niveau très considérable, sur le plan international et sur le plan national aussi. Le désenclavement des villes, des villages, le respect qu’impose la Côte d’Ivoire dans la sous-région, la force et la stabilité de l’économie ivoirienne, qui rejaillissent sur toute la sous- région. C’est vrai que le militant de base ne prend pas en compte ces réalités, car cela fait partie de son quotidien, mais c’est l’une des faiblesses du RDR, qui n’est pas allé au contact des militants pour leur expliquer que la Côte d’Ivoire devait être économiquement forte pour que les actions du président rejaillissent sur tout le monde. C’est aussi pourquoi les militants ont souhaité son retour à la tête du parti.

Justement, ce retour crée des suspicions, car certains le soupçonnent de vouloir faire un 3è mandat…

Depuis que je le connais, il n’a jamais manqué de respecter la parole donnée. Sa préoccupation est de faire une transition générationnelle de qualité. Il ne va pas le faire n’importe comment et à n’importe quel prix. Que nos alliés ne se trompent pas : quand on parle d’alternance, cela veut dire qu’il y a deux partis concurrents. L’idée du Président de la République est de créer un parti unifié, de le solidifier, parce que les bases sont là et que le meilleur d’entre nous sera propulsé. Pour y arriver, la compétition s’organise toute seule. Les ambitions sont révélées et, à partir de là, chacun met en place sa stratégie. Il est tout à fait démocratique que les uns et les autres expriment leurs ambitions. Maintenant, ceux qui, par leur positionnement et dans leur discours, ne contribuent qu’à réveiller les frustrations, se trompent de stratégie. Vous avez par exemple les ex Forces nouvelles (FN) qui affirment leurs ambitions. Cela est compréhensible. Oui, les FN ont été utiles à notre combat, mais ce sont nos deux forces associées qui ont abouti à ce changement. S’il n’y avait pas eu une force politique respectable sur le plan national et international, le combat des FN n’aurait pas été déterminant. Mais qu’ont-ils apporté en termes de stratégie de renouvellement au RDR ? Ils se sont juste installés dans les fauteuils de la complaisance, comme ceux venus d’ailleurs. Les FN devaient apporter leur contribution dans ce processus de changement.

Les FN estiment pourtant n’avoir pas eu le cadre nécessaire au sein du parti pour développer leurs idées. Qu’en pensez-vous ?

Au sein d’un parti, on crée toujours un cadre. S’ils avaient eu une stratégie claire au sein du RDR, ils ne se sentiraient pas frustrés. Mais ils se sont exprimés en dehors du parti et ont ainsi dispersé leurs forces. J’ai beaucoup de sympathie pour eux et j’estime que leur force est au sein du RDR. Ceux qui pensent le contraire se trompent. Ce congrès doit être celui du rassemblement et ils doivent y prendre part et subir la concurrence au sein du RDR. Nous disons que c’est le meilleur d’entre nous qui sera à la tête et, pour être le meilleur, il faut lutter au sein de sa famille.

On parle de transition générationnelle. Comment cela peut-il se faire avec d’un côté les dinosaures, qui se maintiennent, et une nouvelle génération qui leur met la pression ?

Comment mettent-ils la pression ? S’ils veulent être la copie conforme de la génération qu’ils veulent voir dégager, c’est peine perdue. La nouvelle génération d’hommes politiques doit adopter une autre stratégie. Je constate malheureusement que cette nouvelle génération copie de façon maladroite les choses qu’elle-même critique. Elle est attachée aux postes de ministres, aux postes dans l’administration. A chaque fois qu’on la déplace, ce sont les mêmes refrains. Perdre un poste nominatif ne doit pas faire de nous des opposants à notre propre pouvoir. Aujourd’hui, le torchon brûle entre le PDCI et le RDR. Ne craignez-vous pas une rupture entre ces deux partis ? Non. Ces deux grands partis ont déjà connu les affres de la division. Je ne pense pas qu’ils voudraient y replonger en laissant en héritage à leurs successeurs ce qui a été leur principal défaut. Je suis convaincu qu’il y aura un ticket RHDP en 2020 et que la fusion entre ces deux partis se fera.

Ouakaltio OUATTARA

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