Arthur Banga, historien, spécialiste des questions militaires : « La conjoncture politique n’est pas étrangère aux choix, surtout pour les avancements »

Quelle analyse faites-vous des récentes nominations dans l'armée ?

Toutes les fins d’année, dans l’armée, est produit le tableau d’avancement, qui consigne les avancements en grade des militaires. C’est donc une tradition. Quand on regarde les avancements de cette année, il y a quand même des faits marquants. Le premier, c’est la promotion de tous les chefs des grands commandements et de la plupart de leurs adjoints. Ainsi, le chef d’État-major Général est nommé général de corps d’armée (4 étoiles), son adjoint, le général Kouamé Julien, passe général de division (3 étoiles), tout comme le Commandant de l’armée de terre, Dem Ali, qui devient général de brigade (2 étoiles). Dans la gendarmerie, le général Apalo Touré est passé 3 à étoiles et son adjoint Kouassi Stanislas est promu général de brigade, tout comme l’inspecteur de gendarmerie Abbe Seka. À la police, Kouyaté Issouf, DGPN, devient inspecteur général (3 étoiles) et l’une de ses adjointes, Kambire épouse Palé, est promue contrôleur général (2 étoiles). Cela traduit d’abord la satisfaction du Chef de l’État, chef suprême des armées. Si le Président n’était pas content de ses plus proches collaborateurs, il ne les aurait pas promus. Mais, en plus, cela traduit aussi la confiance pour les échéances futures, voire un souci de continuité, pour garder une forme de stabilité dans un moment aussi crucial. Il leur dit en gros : pour la sécurisation des élections, face au terrorisme et pour la réforme des forces de défense et de sécurité, je vous fais confiance et je continue avec vous, en vous promouvant. Ceci d’autant plus que les généraux Apalo Touré et Kouamé Julien étaient sous la menace de la retraite. Cette confiance peut se traduire aussi par le maintien, voire la promotion, d’officiers à des postes clefs de conseil et d’administration. Ainsi, Touré Gneckremchin, conseiller militaire du Premier ministre est passé général de brigade et le général Adjoumani est maintenu à New York par décret, alors qu’il devait faire valoir ses droits à la retraite. Enfin, dans une certaine mesure, les galons correspondent totalement aux fonctions. Depuis plusieurs années, le chef d’État-major général est un général quatre étoiles (Mangou, Bakayoko, Touré Sékou et aujourd’hui Lassina Doumbia) et son adjoint de division (Touré Sékou, Lassina Doumbia et aujourd’hui Kouamé Julien). De même, le commandant de la gendarmerie est général de division voire de corps d’armée (Kassaraté, Kouassi Gervais, Kouakou Nicolas et aujourd’hui Apalo)  et son adjoint (Bamba Vako, Kouakou Nicolas et aujourd’hui Kouassi Stanislas) général de brigade. Après avoir pris leurs commandements à des grades inférieurs, il est normal qu’ils soient promus.   

On peut aussi remarquer que les ex COM Zone sont passés colonels major. C’est d’ailleurs le lieu de s’incliner et de prier pour le repos de l’âme du colonel Wattao. Le Président a sans doute voulu leur envoyer un message de félicitations et leur rappeler qu’ils doivent être républicains. Enfin, dans la gendarmerie, un groupe de 9 colonels major promus ont des fonctions importantes (commandant de la mobile, de la territoriale, des unités spécialisées, l’école de gendarmerie). Ces jeunes empruntent la voie royale pour aspirer à nettement plus dans quelques années. 

Des nominations à moins d'un an d'une élection présidentielle, est ce anodin ?

Une année pré-électorale ne modifie pas la donne. C’est comme si vous demandiez que cette année on ne fasse pas d’avancement de fonctionnaires ou de nominations de préfet. Dans l’armée, on tente de plus en plus de définir des règles. Elles tiennent compte du temps passé dans le grade, des diplômes et stages, des notes et sanctions et enfin des postes disponibles. Un lieutenant, pour passer capitaine, devrait au moins faire 4 ans dans ce grade, avoir fait son diplôme de cours de capitaine et espérer qu’un poste se dégage dans les mouvements d’affectation de fin d’année. On a coutume de dire qu’on entre dans une école d’officiers pour terminer colonel, le grade de général nécessitant des qualités exceptionnelles et bien souvent, partout dans le monde, un relationnel important. Vous n’allez pas demander à un président de confier son armée à un homme en qui il n’a pas confiance ou qui ne partage pas la même vision de la défense. La démission du général Pierre de Viliers en France, il y a quelques années, ou plus encore la séparation douloureuse entre Truman et Mc Arthur Douglas sur la question de l’usage de l’arme atomique en Corée l’illustre. Il faut donc bien le reconnaître, la conjoncture politique n’est pas étrangère aux choix, surtout pour les avancements et les nominations, au-delà des grades et des postes. Mais cela n’enlève rien à la qualité des promus. Il faut à la base pouvoir avoir les compétences. Vous avez beau aimer un officier, s’il n’est pas colonel major, vous ne pourrez pas le nommer général. D’ailleurs en 1999, le général Kouyaté avait reçu le prix de l’excellence du meilleur policier, Doumbia fut préfet militaire sous Laurent Gbagbo et Apalo commandait l’école de Toroguhé. 

On remarque un savant dosage  dans ce vaste mouvement. Peut-on parler de récompenses pour les uns et de certains laissés pour compte ?

Des exigences minimales sont demandées pour chaque avancement jusqu’au grade de colonel. Sauf mesures exceptionnelles. Il y a aussi les postes à pourvoir. On peut avoir 10 proposables pour 8 postes, dans ce cas-là, les 2 qui ne sont pas retenus peuvent à juste titre estimer qu’ils sont des laissés pour compte, surtout s’ils sont plus anciens et attendent des nominations à titre exceptionnel. Cela existe dans toutes les armées. À partir du moment où on doit faire des choix, il y a toujours un sentiment d’injustice. En tout état de cause, c’est au Président de la République que revient le droit de nomination.

 
 
 
 
 
 
 
 

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