Il n’était pas attendu à ce poste. Bertin Kouadio Konan, désormais ministre en charge de la Réconciliation nationale, aura la lourde tâche de rapprocher les Ivoiriens, surtout la classe politique.
Le poste en lui-même n’est pas nouveau. La volonté en elle-même n’est pas non plus nouvelle. Réconcilier la classe politique ivoirienne est devenu un idéal, sinon presqu’un programme de société. Aussitôt annoncé, aussitôt créé. Le poste de ministre de la Réconciliation est donc confié à Bertin Kouadio Konan, dit KKB, candidat malheureux à l’élection présidentielle du 31 octobre dernier. Né le 26 décembre 1968 à Krikpoko, dans la région de Lakota, il n’en était pas à sa première participation à un scrutin présidentiel, s’étant porté candidat en 2015 contre l'avis de son parti. Il avait terminé 3ème, avec 3,88% des voix. Cette fois-ci, il en a récolté seulement 1,99%, mais semble plus satisfait. « La Côte d'ivoire a gagné la bataille de la paix », s’était-il réjoui.
L’homme qu’il faut ? À peine opéré, ce choix fait polémique. Et pour cause! KKB, en participant au scrutin d’octobre dernier, s’était déjà mis à dos une partie de l’opinion, notamment les militants de l’opposition. Autre raison, il est en disgrâce avec son parti d’origine, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). « Il lui sera difficile de réunir les acteurs politiques et sa mission, comme celle de ses prédécesseurs, semble d’office perdue », tance l’un de ses pourfendeurs. Ce dernier voit d’ailleurs en cette nomination « la meilleure manière de refuser la réconciliation ». Sa nomination sonne pour certains comme une « récompense ». Ex conseiller d’Henri Konan Bédié, KKB sera néanmoins attendu sur des dossiers brûlants, tels que ceux du foncier, des hommes politiques en prison, du retour des exilés. « KKB a œuvré pour rapprocher les hommes politiques. C’est le seul à avoir rencontré tous les acteurs, dont Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, Guillaume Soro, Henri Konan Bédié et le Président de la République Alassane Ouattara. Contrairement à ce que certains pensent, il a le coffre et les contacts nécessaires pour rapprocher la classe politique », explique son Directeur de campagne Venance Djédjé. « J’ai subi toutes sortes de pressions, mais il faut dire que jamais un Ivoirien ne m’a lancé une pierre, jamais un Ivoirien ne m’a agressé, même verbalement. J’aime ce pays, je suis né là, j’ai grandi là, j’y ai mes racines, je veux servir mon pays », clame-t-il, comme pour dire qu’il peut bien réussir à ce poste. Ne dit-on pas que le vrai maçon se voir au pied du mur ? L’avenir nous situera.
Ange-Stéphanie DJANGONE