C’est devenu un phénomène national. A l’approche des fêtes de fin d’année, on assiste dans les établissements à des perturbations de cours. Connu sous le nom de congés anticipés, le problème commence à faire des victimes.
Les parents de Teïnan Sangaré ne reverront plus jamais leur fils. L’élève en classe de terminale A2 au collège principal de Daloa a perdu la vie le lundi 9 décembre au sein de son établissement alors qu’il tentait, selon plusieurs témoins, de s’opposer à des individus venus déloger les élèves. Le jeune Sangaré a été poignardé à la gorge. Il succombera à ses blessures. C’est la conséquence tragique d’un phénomène qui perturbe l’école depuis environ une décennie : les congés anticipés. Si toute la communauté scolaire est sous le choc après le décès du garçon le problème, lui, est loin d’être solutionné. « Nous avons toujours dénoncé le phénomène. Mais rien n’a changé », déplore Claude Aka, président de l’Organisation des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI), par ailleurs président du Collectif des associations des parents d’élèves et d’étudiants en Côte d’Ivoire (CAPEECI). Qui s’interroge ensuite : « Qui sont les fautifs ? D’abord, nous parents d’élèves. Il faut parler à nos enfants. Il n’est pas normal qu’un groupe d’élèves décide par eux-mêmes de se donner des congés avant l’heure. Ensuite, il y a les autorités qui doivent s’impliquer plus ». Alors que dans de nombreuses villes de l’intérieur des écoles sont délogées quasiment chaque jour depuis le début du mois de décembre, chacun identifie à sa manière les causes du problème.
Sanctions « Au début, il y a environ dix ans, les perturbations débutaient à deux ou trois jours des congés de fin d’année. On a laissé faire. Ensuite, c’est devenu dix jours avant les congés. On a encore laissé faire. Aujourd’hui, les perturbations débutent à un mois des congés de Noël. Ça veut dire que le phénomène s’étend impunément », regrette Nomel Ako, porte-parole de la Coalition des syndicats du secteur éducation/formation de Côte d’Ivoire (COSEFCI). Pis, à l’entendre, il s’enracine, devient plus violent. Est-ce la faute aux élèves ? Oui, en premier lieu, d’après Pacôme Attaby, enseignant également. Mais il existe un point sur lequel élèves, parents d’élèves, enseignants et autorités s’accordent : il faut sensibiliser. Mieux, il faut identifier les auteurs de ces actes et en faire des exemples aux yeux de tous.
Raphaël TANOH