Nord du pays : vers une gestion difficile des réfugiés

L’insécurité pousse de nouveaux Burkinabés et Malien à l’exil, aggravant les tensions dans le nord de la Côte d’Ivoire

De Bouna à Odienné en passant par Ouangolo et Korhogo, les frontières Nord-Est, Nord et Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire sont prises d’assaut par des réfugiés venant du Mali et du Burkina. Une situation qui inquiète les élus locaux.

Fuyant les attaques terroristes tant au Mali qu’au Burkina Faso, plusieurs populations civiles ont envahi les villes frontalières de ces pays. Il s’agit des villes comme Bouna (Nord-Est), Ferké et Korhogo (Nord) et Odienné et Tengrela (Nord-ouest) de la Côte d’Ivoire. La situation crée de plus en plus de difficultés au niveau de la capacité de ces villes à accueillir ce flux de déplacement. Les  principales raisons de départ des réfugiés de leurs villages au Burkina Faso sont des conflits armés / Insécurité généralisée, des menaces et intimidations et des moyens de subsistance limités dues à la destruction et l’incendie des plantations et des récoltes agricoles par des individus armés non identifiés dans les villages.

 

Selon un rapport du HCR, rendu publique en décembre 2022, 57 % de la population des réfugiés du Burkina Faso en Côte d’Ivoire sont des enfants

 

Crise en perspective  Selon le maire de Ouangolodougou,  Moussa Toungara, sa municipalité    est à la recherche d’un espace pour accueillir un millier de réfugiés fuyant les attaques terroristes du Burkina Faso et ayant trouvé refuge à Ouangolodougou. « La plupart d’entre eux vit dans des familles d’accueil. Nous avons prospecté et trouvé un espace de 14 hectares pour les installer. Dans un premier temps, nous allons exploiter six hectares», annonce l’élu local.  Le flux de réfugiés est évalué à environ 1000 réfugiés selon l’administration préfectorale. Et, ce  déplacement massif des populations en provenance du Burkina Faso inquiète les populations. En plus de l’aspect sécuritaire, cette affluence soulève l’épineux problème de la gestion des terres. « Les populations qui viennent sont pour la plupart des agriculteurs ou des éleveurs. Bientôt, nous serons face à des problèmes dans les prochains jours quand ces derniers voudront se trouver des occupations économiques » , prévient un élu local à Bouna. Selon un rapport du HCR, rendu public en décembre 2022, 57 % de la population des réfugiés du Burkina Faso en Côte d’Ivoire sont des enfants et 29 % de la population des réfugiés du Burkina Faso en Côte d’Ivoire ont des besoins spécifiques. Toujours selon le  HCR, de nombreuses familles ivoiriennes accueillent jusqu’à 30 réfugiés burkinabés dans de petites maisons. Or la surpopulation détériore les conditions sanitaires, redoute le HCR.  Il y a déjà de nombreux cas de paludisme, d’infections respiratoires et de malnutrition, ce qui accroît la pression sur les structures sanitaires locales. Entre 2021 et 2002, l’on estime à près de 30 000 Burkinabés et Malien ayant fui leur pays vers la Côte d’Ivoire.

 

Yvan AFDAL

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