Friperie, « yougou-yougou», « adokaflè », ou « brode », comme on les nomme, les « vieux » vêtements venus d’Europe repartent pour une nouvelle vie dans la garde-robe des abidjanais.
Sous un soleil de plomb, les clients se bousculent et s’arrachent les vêtements déjà portés, importés le plus souvent d’Europe, mais aussi d’Asie, en fouillant, inspectant et essayant ces robes, jupes, culottes, t-shirts, entassés sur des étals ou éparpillés à même le sol sur des bâches en plastique. Les commerçants, des nigérians, maliens, nigériens et dernièrement des ivoiriens, toujours en effervescence, claquent les mains et chantent parfois des slogans pour attirer la clientèle : « Approchez! Regardez! Moins cher! Fouillez, gagnez!» Installés dans presque tous les marchés du district d’Abi-djan, les vendeurs de friperie permettent aux abidjanais de la classe moyenne de se vêtir à moindre coût. « 2 000 francs CFA suffisent parfois pour s'habiller de la tête aux pieds », soutien Salomé, une cliente venue faire le trousseau de son bébé. « C’est vraiment rare que je renouvelle ma garde-robe dans les magasins », témoigne dame N’Goran, une abonnée du marché de Belleville à Treichville, l'un des lieux les plus réputés en matière de friperie. « Tout ce que je veux, je le retrouve à très bon prix », argumente-t-elle, avant de détailler, les bras chargés : « on a des vêtements en tout genre, travail, détente et sortie ». Comme elle, Marie-Laure Adou, grande fidèle du mar-ché aux puces de Yopougon-Kouté, avoue sa préférence pour ces tenues. Importés essentiellement du Ghana, les balles qui contiennent les vêtements coûtent en moyenne 200 000 francs CFA, selon Moumouni, un commerçant du grand marché de Marcory, qui dit réaliser un chiffre d’affaires mensuel d’environ 3 millions de francs CFA, soit 500 000 à 600 000 francs de recette hebdomadaire pour une balle. Avec l'expansion du business, les propriétaires de magasins de prêt-à-porter paraissent souffrir de cette concurrence, d’au-tant que leurs marchandises stagnent dans les rayons.
« De plus en plus, nos potentiels clients se dirigent vers la friperie parce qu’il y a des commerçants de « brode » qui sont installés dans des magasins climatisés aussi », confie Mireille Aboua, com-merçante de prêt-à-porter à Cocody.