A 32 ans, elle est aujourd'hui, là plus jeune député siégant à l'Assemblée nationale ivoirienne. Portait d'une jeune pas comme les autres.
Inconnue de la scène politique ivoirienne, Yasmina Ouegnin défendait les couleurs du parti cinquantenaire, le PDCI. C’est à la suite d’une longue séance de dépouillement riche en rebondissements que sa victoire à été proclamée. Une victoire acquise de justesse. Quelque 500 voix la séparaient de Mme Kanaté, son adversaire du RDR. Les 500 voix de la discorde serait-on tenté de les appeler, tant elles ont été disputées par les deux adversaires : contestations, recours en annulation, menaces, appel à la rescousse des différents états-majors politiques. Bref, tout y est passé et on n’était pas loin de la « crise post électorale ». L’affaire est donc portée à la connaissance du Ministre de la Sécurité qui à son tour consulte le Président de la république. Les ardeurs sont finalement calmées et la victoire du petit poucet de la politique ivoirienne est confirmée. Elle s’effondre en larmes dans les bras du Président Bédie qui peine à la soutenir. Puis c’est sur ses pages facebook et twitter qu’elle va répandre la bonne nouvelle qui sera confirmée plus tard par la commission électorale indépendante. Ce happy-end, rien ne le présageait en début de campagne.
C’était pas gagné.
La fille de l’ambassadeur Georges Ouegnin, lchef de protocole du président Houphouët Boigny à beaucoup souffert des préjugés au cours de cette campagne. Parfaite inconnue sur l’échiquier politique ivoirien, on ne lui connaissait pas d’ambition politique avant ces législatives. La presse à donc vite fait de voir derrière sa candidature la main de son ambassadeur de père, persuadée qu’en cas de victoire ce serait ce dernier qui assumerait l’effectivité des tâches de député dans l’ombre de sa fille. Dès lors la jeune candidate allait traîner son nom de famille comme un fardeau tout au long de la campagne : « fille à papa », « née avec une cuillère en or dans la bouche », tels sont quelque sobriquets qu’on a pu lire dans la presse et sur certains sites internet.
Son jeune âge également n’a pas été un avantage. Quand on connaît la moyenne d’âge dans notre hémicycle, quand on sait l’enjeu que représentait la commune de Cocody au cours de ces élections, même au sein du PDCI on comprenait difficilement que la direction confie la tête de liste du parti cinquantenaire à cette jeune novice. Puis est arrivée cette polémique suscitée par le ministre de la sécurité, lui-même candidat à ces législatives. Une polémique au sujet d’une certaine liste RHDP dans la commune de Cocody. Une incompréhension entre le PDCI et son allié le RDR sur la question du candidat qui conduirait la liste de cette alliance politique. Une polémique où la candidate s’est sentie traitée de « démon de la division » par le ministre. Elle y a même vu une menace planer sur ses électeurs. C’en était trop et la réplique est tombée au cours d’une conférence de presse. Sèche comme une toux de bouc :j’ai été quand même étonnée qu’un ministre de l’intérieur tienne ce genre de propos. Tout le monde se demandait s’il était vraiment nommé à la bonne place ou si on a eu la gentillesse de lui accorder une présomption de compétence…Je suis très jeune dans la politique. Je ne savais pas que c’était le ministre de l’intérieur qui nommait les députés en Cote d’ivoire. Il devrait faire preuve de neutralité. C’est que Yasmina Ouegnin a du répondant. Elle a su apporter la réplique à chacun de ses détracteurs tout au long de la campagne. Mieux, elle a su retourner intelligemment chacun des éléments qu’on lui reprochait en avantage.
Son nom de famille, Yasmina n’en a jamais fait un complexe tout au long de cette campagne. Bien au contraire, elle a largement profité du soutien familial, surtout celui de son père. La benjamine des 5 enfants de Georges Ouegnin en a même abusé quelques fois comme sur cette affiche de campagne où elle pose avec, en filigrane, l’image du père de la nation. Il en est de même du soutien de sa famille politique, le PDCI, dont la présence des dignitaires fut très remarquée à son meeting de clôture de campagne dans le village d’Anono.
Avec tous ces soutiens et les moyens dont elle à bénéficié, elle aurait pu mener une campagne à l’américaine. Mais au lieu de cela, la jeune candidate a préféré une campagne de proximité : porte à porte, visites sur les marchés, don de médicaments aux populations défavorisées, le tout couronné par une caravane dans les différents quartiers de Cocody. Bref, un corps à corps au cours duquel la tête de liste « renouveau » du PDCI a ciblé la jeunesse et les femmes. A cette population, elle a proposé un plan d’actions concrètes qu’elle mènerait en tant que député pour l’amélioration des conditions de la femme et pour sauver l’école ivoirienne. Elle prévoit entre autre d’élaborer un projet de lois pour la règlementation des prix des denrées alimentaires. Au sujet de l’école sa vision est claire : prendre des dispositions légales pour que l’éducation nationale soit une projection sur le long terme des attentes de notre pays en matière de développement. On le voit, le petit poucet du nouveau parlement à une idée très claire de ses responsabilités de député. Elle prend son rôle très au sérieux et cela se ressent jusque dans ses interviews dans la presse.
Elle fut très certainement la candidate la plus sollicitée par les médias au cours de ces législatives. Une aubaine dont elle à profité pour faire montre de ses qualités intellectuelles et de sa bonne connaissance des codes de la diplomatie.Par exemple la chaîne panafricaine Africa24 lui demandait son point de vue sur la non participation du FPI - le parti du président déchu Laurent Gbagbo - aux législatives. Sa réponse est un caviar diplomatique, une feinte politique tout en finesse : « je suis mal placée pour répondre à la place du FPI. Ils sont suffisamment capables de donner des explications eux-mêmes ».
Férue de nouvelles technologies Yasmina Ouegnin fut également une des rares candidates à recourir aux réseaux sociaux au cours de cette campagne. Elle y soigne particulièrement son image en se présentant aux ivoiriens comme mère de famille, chef d’entreprise et député de la république. Sur sa page facebook par exemple le plus jeune député élu de la dixième législature se dévoile un peu plus à ses électeurs. On peut y découvrir son curriculum-vitae, son parcours professionnel, ses convictions religieuses et politiques, etc. on apprend ainsi qu’elle milite activement au PDCI depuis la fac. Certainement une réponse à tous ceux qui la considèrent comme une parvenue dans ce parti. Sur ces réseaux, elle rendait compte au jour le jour du déroulement de la campagne, elle répondait aux questions de ses fans et des nombreux curieux et recevait également leurs encouragements. L’honorable y annonce une tournée de remerciement.
Yasmina Ouegnin, c’est un aussi un Bac+6 !
Derrière sa belle plastique, se cache également l’ancienne élève de la prestigieuse école polytechnique INPHB de Yamoussoukro, école dont elle est sortie avec un diplôme des Hautes Etudes en Assurance. C’est ensuite à l’Institut de Management desRisques de Bordeaux en France qu’elle terminera son cursus académique. Jusqu'à ces élections, Yasmina Ouegnin était D.G de Avedis, un cabinet de courtage et conseils en assurances qu’elle à crée depuis 2005. Professionnelle de l’assurance, elle sera élue par ses pairs Secrétaire Générale de l’Association Nationale des Courtiers d’Assurance et de Réassurance de Cote d’Ivoire (ANCARCI).
Yasmina Ouegnin, c’est également la militante des droits des femmes et des causes humanitaires. Elle a participé à la création de la Coalition des Femmes Leaders et est impliquée dans de nombreuses actions humanitaires en faveur des personnes défavorisées. Vous rêviez de faire de ce bon parti votre épouse ? C’est vraiment dommage. L’honorable à déjà un anneau solidement accroché au doigt par Monsieur Guessennd, son époux. Elle est en outre mère d’une charmante fille de 3 ans.