Fils de pasteur, Mike Danon, s'est donné pour vocation d’éduquer et égayer la jeunesse en sa qualité d’artiste.
Je suis juste un passionné qui se bat pour que son travail serve d’exemple pour la jeunesse Ivoirienne en premier et pour le reste du monde en suite.
Comment es-tu venu au théâtre?
Naturellement, il y’a eu une annonce de casting de formation au métier de la scène et du cinéma initié par le célèbre comédien Sidiki Bakaba. Je me suis pointé et voilàààààààà huit ans après je suis toujours dans la cour avec un maillot de pro.
Ton père est un pasteur. N’a-t-il pas mal pris le fait que tu décides d’embrasser la profession d’acteur ?
Il connaissait déjà ma passion pour l’art et pour la petite histoire, c’est lui-même qui m’a informé du casting un soir quand je rentrais de promenade. Le problème s’est posé quand il a réalisé que ma passion allait prendre le pas sur les études parce que je venais d’être orienté en seconde A au collège William Ponty. Il y’a eu une réunion familiale sur le sujet, j’ai défendu mon dossier, ma sœur m’a appuyé et mon travail au fil des années a fait le reste.
En Afrique, beaucoup de gens soutiennent que les jeunes ne devraient pas choisir la vocation d’acteur ou de façon plus large celle d’artiste car selon eux, elle ne nourrît point celui qui la pratique. Qu’en penses-tu ?
C’est normal. Ils pensent tous à se remplir le ventre avant de se demander ce que leur cerveau ressent. Les assiettes ont pris la place des livres dans les bibliothèques de nos maisons. Ne t’étonne pas si tu entends ce genre d’aberration. Moi, j’ai fait le schéma inverse. J’ai servi ma passion et jusqu’aujourd’hui, je suis vivant et je me débrouille pour ne pas avoir de problèmes de loyer. Ils parlent, ils parlent. Mais que font-ils pour que ce domaine soit lucratif ? Ils achètent des œuvres piratées, ils trouvent que les tickets des spectacles sont chers ou que les œuvres produites sont trop intellectuelles. Quand ils ont des postes de décision pour que les choses avancent, ils font passer leurs familles et leurs maitresses. Pour qu’Hollywood soit le poumon du cinéma mondial aujourd’hui, des gens ont fait des sacrifices, travaillé dur, privé leurs estomacs de bien des plaisirs. On doit commencer à faire de même. Moi en plus de mon travail, j’ai eu beaucoup de chance, mais tout le monde n’est pas Mike DANON. J’ai encore du chemin à faire et par mes œuvres je démontrerais que ce rêve est encore possible ici en Côte d’Ivoire.
Huit années, comme je l’ai dit avec un passage de trois années au Lycée d’Enseignement Artistique où j’ai obtenu mon BAC en art dramatique.
Comment cette expérience t’a-t-elle aidé à être meilleur dans ta profession ?
Cette expérience m’a appris la vérité de mon métier. Elle m’a aussi appris que même les talents les plus brutes ont besoin de travail, de méthodes, de techniques. Ces années de formation m’ont permis de m’accrocher à mon rêve. Elles m’ont appris à m’éloigner de la paresse, à apprécier chaque moment de travail et de création comme le meilleur moment de ma vie, donc à m’appliquer pour qu’il le soit.
Tu as été révélé au grand public par la série class’A de Martika Production où tu jouais le rôle de Pythagore. Comment peux-tu expliquer le succès de cette série et la popularité de ton personnage ?
Le travail formidable de toute l’équipe a commencé par Mr Jean Hubert Nankam, himself. La popularité du personnage est venue du fait qu’il incarne les valeurs scolaires, les valeurs que les parents espèrent voir apparaître dans le quotidien de leurs enfants. Prôner l’idéal et ramener les jeunes aux valeurs, c’est mon genre, j’ai donc incarné ce personnage avec beaucoup d’honneur.
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Un artiste accompli
En plus d’être acteur, tu es aussi chanteur. Quel est le secret de ta polyvalence ?
La volonté de ma mère de me voir au sommet avant qu’elle ne parte et les prières de mon père. Le tout mixé dans ma volonté de faire partie des soldats de la liberté qui passe par une prise de conscience véritable et générale.
Depuis l’avènement des séries made in Côte d’Ivoire, la jeunesse se passionne pour le métier d’acteur. Quels conseils pourrais-tu donner aux jeunes qui souhaiteraient pratiquer ce métier ?
Ils ne seront pas riches une semaine après leur engagement. Il y’a de la sueur et des larmes, mais faire ce qu’on aime, il n’y a rien de tel. Ils doivent s’armer de patience et bosser sans relâche. Dieu leur donnera des bonus à chaque étape.
Avec l’arrivée des nouvelles technologies de l’information et de la communication, la cybercriminalité, qui s’est ajoutée à d’autres mauvaises pratiques, est devenue l’apanage des jeunes dans notre pays. Quels conseils peux-tu donner à notre jeunesse afin qu’elle cesse cette pratique qui ne l’honore guère ?
On n’aurait du faire attention quand certains courants de mode ont fait l’apologie des grandes marques et du luxe arrogant, orientant la jeunesse vers la recherche du gain facile. On aurait du faire attention, on aurait du écouter ceux qui tiraient la sonnette d’alarme au lieu de faire d’eux des héros nationaux. Aujourd’hui ces courants vont mourir, sombrer dans l’oubli mais le mal est là et c’est dramatique. A la jeunesse, je dirais qu’elle pense à se construire dans le temps et qu’elle sache que le bien mal acquis laisse toujours un goût amer.