“ADOrateur” puis “Gbagboiste”, Ben Soumahoro a poussé son dernier souffle en exil au Ghana.
Tour à tour fidèle partisan d’Alassane Ouattara puis l’un de ses pires pourfendeurs, Mamadou Ben Soumahoro, ancien directeur général de la Radio télévision ivoirienne (RTI) a poussé son dernier souffle le 11 avril 2016 au Ghana, comme pour sceller à jamais son alliance à Laurent Gbagbo dont il était l’un des soutiens. “ Ben Soumahoro, septuagénaire, est décédé à Accra, hier’’, titrait mardi matin presque dans l’indifférence des autres journaux ivoiriens, Le Patriote, quotidien proche du Rassemblement des républicains (RDR), parti du chef de l’État Alassane Ouattara. Il ne pouvait en être autrement. Car avant de rallier Laurent Gbagbo en 2001, Mamadou Ben Soumahoro, avait été l’un des fondateurs du RDR en 1994. Journaliste de formation, IL a été révélé au grand public au milieu des années 70 grâce à sa célèbre émission télé “Fauteuil Blanc’’ sur la RTI, un programme qui donnait la parole à un invité soumis aux questions d’une équipe de journalistes choisis pour l’occasion.
S’opposant à l’appel au boycott des élections législatives de 2000 par son parti, Ben Soumahoro s’est fait élire député indépendant de Bako (petite localité au nord de la Côte d’Ivoire), avant de prendre peu à peu ses distances avec son chef Alassane Ouattara, pour devenir par la suite l’un de ses pires pourfendeurs à la grande joie des partisans de Laurent Gbagbo. Ben Soumahoro est devenu au cours du mandat de Gbagbo l’une des voix les plus écoutées et qui comptaient dans le camp de l’ex-président. Au forum de la réconciliation nationale en 2001, le député Soumahoro, connu pour son art oratoire, assurait détenir “un dossier en béton pour prouver l’origine burkinabé” d’Alassane Ouattara. Un dossier dont le contenu est resté mystère, même après sa mort.
À la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011, plusieurs Ivoiriens, majoritairement des proches ou des partisans de l’ancien président dont ce journaliste émérite ont fui le pays. Mamadou Ben Soumahoro surnommé “Waraba’’ (le lion en langue malinké), pour son franc parler, s’installe dans ce contexte au Ghana voisin et s’engage à ne plus revenir en Côte d’Ivoire aussi longtemps que Ouattara sera au pouvoir. Un engagement qu’il aura tenu, malgré le décès en novembre dernier de son fils aîné Olivier Soumahoro, inhumé en son absence à Abidjan.
Comme pour rappeler son attachement à Laurent Gbagbo et à Alassane Ouattara pendant son parcours politique, Ben Soumahoro s’est éteint un 11 avril, date commémorant la chute de l’ancien président et l’accession pour la première fois au pouvoir de l’actuel chef de l’État.
Serge Alain KOFFI