Ils ont apparemment décidé de tous mettre balle à terre. Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo peuvent désormais inviter les extrémistes de leurs camps à désarmer leurs cœurs et leurs plumes. Et surtout à être plus responsables sur les réseaux sociaux, afin que l’élan dans lequel ils sont lancés ne soit pas brisé par certains de leurs partisans qui échappent à leur contrôle. Si la réconciliation a été assujettie aux humeurs de ces personnalités, il est temps, au moment où notre pays aborde un virage important, que ces derniers passent, tous ensemble, à des actes concrets. Les Ivoiriens attendent plus de ces différents leaders, qui cristallisent le climat politique depuis plus de 30 ans. Même si la réconciliation n’est pas l’absence de contradiction ou le fait d’être d’accord sur tous les points, il faudra désormais construire une classe politique responsable, qui rusera moins avec le quotidien des Ivoiriens et sera peu encline à la manipulation des masses. Cela veut dire tout simplement que les Ivoiriens ne doivent plus assister à des boycotts d’élections, à des morts lors des scrutins ou encore à d’énormes dégâts matériels à chaque fois que l’opposition et le pouvoir sont en contradiction. Il faut donc repartir, non pas de zéro, mais poser les jalons d’un avenir clair et apaisé, socle d’un développement harmonieux. Autre acte concret attendu, le passage de flambeau à une autre génération. Cela pourra fortement apaiser les tensions et réduire considérablement les passions. Car les passions qui ont flambé autour de ces trois leaders ne sont pas innocentes dans le drame ivoirien. En dépassionnant le débat politique et le débat public, l’on arrivera à une sorte d’intérêt commun autour de la mère patrie. Et, dans cet élan, chacun trouvera son compte, qu’il soit de l’opposition ou du pouvoir.
Yvan AFDAL