Le 31 octobre, les Ivoiriens seront invités auxs urnes. À 30 jours de ce rendez-vous tant attendu, ils retiennent leur souffle, partagés entre partisans du maintien de cette date ou d’un report. Un report qui devrait, selon ceux qui en font la promotion, permettre d’ouvrir un dialogue politique, une phase de transition, mais aussi d’organiser un scrutin apaisé, inclusif et ouvert à tous. Mais; en face, les partisans du non report rétorquent qu’en 2010, l’élection présidentielle avait été reportée à plusieurs reprises et ouverte à tous, mais avait abouti à une grave crise post électorale.
Chaque camp avance ces arguments et le calendrier électoral tourne. Chacun campe sur sa position et espère voir la balance pencher à son avantage. L’élection présidentielle au bord de la Lagune ébrié ne semble pas réussir à ses habitants. Boycott actif de l’opposition en 1995, exclusion de candidats en 2000, avec une tentative de confiscation de la présidence par la junte au pouvoir, soldée par des assassinats et destructions de biens. 2010, crise post électorale avec plus de 3 000 morts. Tel est le tableau qu’offrent les élections présidentielles en Côte d’Ivoire depuis 30 ans.
Le peuple, tiraillé entre les différents camps, a la peur au ventre. Les investisseurs nationaux et internationaux suivent la situation avec énormément de prudence et craignent pour leurs entreprises. Mais les politiques s’en fichent. Tous, sans exception, prônent la paix mais travaillent à ce que les choses s’embrasent. Ils tirent les ficelles pour avoir coûte que coûte le dernier mot. Tous parlent au nom d’un peuple qu’ils n’hésiteront pas à utiliser comme de la chair à canon.
Il faudrait pourtant avoir le courage de faire en sorte que plus jamais une élection présidentielle ne sonne l’heure de la mort d’un Ivoirien et ne remette le pays dans une spirale de violences.
Yvann AFDAL