Réconciliation. Voici ce qui sera le maitre mot de l’année 2021. Le Président de la République, en annonçant la création prochaine d’un ministère pour la Réconciliation, remet en avant le vivre ensemble en paix, perdu depuis 1993, à la mort de Félix Houphouët-Boigny. Ce ne sont pas les initiatives, encore moins les bonnes volontés, qui ont manqué. Pourtant, les problèmes sont connus. Il s’agit entre autres des conflits fonciers, des conflits communautaires et surtout des conflits de l’espace politique, qui manipulent et absorbent tous les autres conflits latents. Chaque gouvernement y est allé avec ses méthodes et en a vanté les mérites et ses réussites. Commission dialogue, vérité et réconciliation, Commission justice, vérité et réconciliation, etc., Autant de projets et structures qui au finish n’ont clairement pas pu réconcilier les Ivoiriens. Mais, en réalité, il faut prendre les choses autrement. La réconciliation entre les Ivoiriens devra être d’abord une affaire politique. La classe politique devra trouver un minimum de consensus pour assainir le jeu électoral. Il faudra à cet effet renverser toutes les tables et repartir de zéro. Respecter les règles du jeu, en les appliquant avec la même rigueur à tous. Travailler à rendre plus fortes des institutions comme le Conseil Constitutionnel, la justice, le législatif et rendre plus performants des instruments comme le Conseil national des droits de l’homme et la Haute autorité pour la bonne gouvernance, de même que toutes les autorités administratives en charge de réguler leurs secteurs respectifs. Cela aura sûrement pour effet de contraindre chaque composante de la société à respecter les lois, à accomplir ses devoirs et surtout à avoir confiance en les différentes institutions du pays. Et, pour y parvenir, le futur détenteur du poste, en plus d’être peu marqué politiquement, devra avoir une feuille de route claire et capter la confiance de tous les acteurs politiques.
Yvan AFDAL