Reporter sans frontières a rendu public le mardi 20 avril 2021 son classement 2020 de la liberté de la presse. La Côte d’Ivoire gagne deux points par rapport à l’année précédente, classée à la 66ème place mondiale et à la 9ème au niveau continental. Deux petits pas importants certes pour l’image du pays, mais pas assez pour les journalistes. Malgré une vague de libéralisation depuis les années 1990, on assiste encore à des pratiques arbitraires de censure et à des arrestations de journalistes sous le prétexte de la « diffusion de fausses informations ». L’état de la liberté de la presse est encore largement dépendant du contexte politique et social. Les périodes électorales et les manifestations s’accompagnent régulièrement d’exactions contre les journalistes. La faiblesse économique des médias les expose également à des influences politiques ou économiques préjudiciables à leur indépendance. Et la période du coronavirus n’a pas arrangé les choses. À voir les chiffres des ventes de la presse pour l’année 2020 en Côte d’Ivoire, il y a de quoi s’inquiéter de l’avenir du quatrième pouvoir, pris au cou par la rapidité des réseaux sociaux, par la diffusion à grande échelle des fake news et par la multiplication de nouvelles lois, aux dispositions vagues et parfois liberticides, pouvant facilement servir à museler les organes. Dans l’ensemble, les médias appartenant à l’État sont encore loin d’avoir achevé leur mue et apparaissent encore trop souvent comme de simples relais de la communication ou de la propagande gouvernementale, au lieu d’offrir une véritable information de service public, libre, indépendante et représentative de la pluralité des opinions. En 2020, les journalistes africains ont subi de plein fouet la crise de la Covid-19, avec trois fois plus d'agressions et d'arrestations enregistrées par RSF. La Côte d’Ivoire a avancé de deux pas, mais il faut encore plus.
Yvan AFDAL