Pendant deux jours, les acteurs tunisiens et ivoiriens de la santé étaient réunis à la Maison de l’Entreprise d’Abidjan-Plateau pour penser coopération dans ce domaine au niveau des deux Etats. Ces Journées tenues les 11 et 12 mai 2018, à l’initiative de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) et de l’Union tunisienne du commerce, de l’industrie et de l’artisanat (UTICA) avaient pour objectifs de développer les échanges commerciaux, d’échanger d’expertise et de signer d’éventuels partenariats.
« En 2016, la Côte d’Ivoire comptait 42 entreprises tunisiennes et à ce jour, elles sont au nombre de 61 », a ainsi présenté l’Ambassadeur de Tunisie en Côte d’Ivoire, SEM. Mohamed Nawfel Labidi, pour qui ce tableau voudrait dire qu’il y a une amélioration du climat des affaires en Côte d’Ivoire. S’il a souhaité que tous les projets en matière de santé entre les deux pays soient concrétisés, car il le dit « nous avons de l’expérience en Tunisie », le directeur exécutif de la CGECI, Dr Vaflahi Méité, a lui, indiqué que le secteur privé ivoirien inscrit cette rencontre dans un partenariat gagnant-gagnant mais bien plus pour la Côte d’Ivoire qui a un déficit d’infrastructures médicales.
Selon Dr Arouna Diarra, président de l’ordre des pharmaciens de Côte d’Ivoire, les tunisiens sont venus tisser des relations d’affaires, que le secteur médical ivoirien estime profitable pour son développement. « Le secteur de la pharmacie est confronté en Côte d’Ivoire à des problèmes de trois ordres. A savoir, le défi de la qualité des produits, la disponibilité et l’accessibilité tant financière que physique des produits », a-t-il fait savoir. Pour lui, la meilleure solution reste l’industrialisation. Et dans ce sens, il pense que la Tunisie peut beaucoup aider la Côte d’Ivoire. Ce sont des chiffres pas très reluisants qu’il a donnés, « la production nationale de la Côte d’Ivoire en médicaments couvre entre 5 et 7% des besoins », a-t-il déploré. Une raison qui justifie son appel à la Tunisie à venir travailler main dans la main avec les pharmaciens ivoiriens, à faire de la Côte d’Ivoire une range de lancement pour atteindre l’ensemble des pays de la sous-région.
« Il nous faut sortir des sentiers battus, aller au contact des autres ». C’est l’avis de Dr Joseph Boguifo, président de l’Association des cliniques privées de Côte d’Ivoire (Acpci). Il espère voir cette collaboration se traduire par des actes concrets. Ce qui permettrait à la Côte d’Ivoire de relever le défi de devenir le hub médical de la sous-région. Evidemment, il l’a souligné, cela nécessite des investissements. A l’en croire, le secteur privé ivoirien (cliniques privées) représente 40% de l’offre de soins et 90% de la couverture maladie. Mais il y a encore un grand vide dans certaines régions.
Cette rencontre s’agit pour Dr Boubaker Zakhama, membre du bureau exécutif de l’UTICA, de développer les relations tuniso-ivoiriennes qui demeurent timides en relation que la Tunisie dispose d’un plateau relevé qui en fait une destination en matière de soins en Afrique. Elle a une expérience avérée sur le plan médical et nous voulons vous convaincre à travailler pour développer le secteur de la santé en Côte d’Ivoire et en Afrique.
En ouvrant ces assises, Dr Jean Denoman, Inspecteur de la santé, représentant la ministre Raymonde Goudou, a indiqué qu’il faut identifier rapidement les différents domaines, échanger les expériences car le gouvernement ivoirien attend beaucoup de cette rencontre. Non sans rappeler les 42 conventions entre les deux pays.
Entre tables rondes, rencontres B to B et exposition, les participants à ces journées ont échangé sur les moyens pour assurer aux malades ivoiriens à transférer en cas de besoin à l’étranger les meilleures conditions possibles de prise en charge au niveau des cliniques tunisiennes, étudier les possibilités de produire certaines gammes de produits pharmaceutiques en Côte d’Ivoire, et naturellement, pour analyser les possibilités d’implantation de projets mixtes dans le secteur des cliniques et des centres d’exploration mais aussi de faciliter la mobilité des étudiants et des stagiaires ainsi que le transfert de savoir-faire entre les praticiens des deux pays.
Cette rencontre est la deuxième du genre après les Journées tuniso-ivoiriennes de l’étudiant, de la formation professionnelle et de l’emploi tenues les 12 et 13 février 2018. On peut le dire, la Tunisie est à la conquête du marché ivoirien.
Liliane N’GUESSAN