Sensation d’étouffement pouvant aller jusqu’à l’évanouissement… la claustrophobie peut être un véritable handicap. Entre relaxation et thérapie cognitive, il existe des moyens pour s’en débarrasser.
A l'origine de la claustrophobie
La claustrophobie est la peur des espaces confinés, des lieux clos, des petites pièces et de l'enfermement.
Si tout enfant est un peu phobique (peur du noir, des chiens, des piqûres…), ces terreurs s’atténuent au fil des mois car ses parents le rassurent. Il n’est cependant pas rare qu’elles resurgissent à l’adolescence. "La femme aussi semble plus fragile aux périodes où son cerveau est davantage stimulé par les hormones, comme après un accouchement", précise Vincent Trybou, psychologue au centre des Troubles anxieux et de l’humeur, à Paris.
La claustrophobie apparaît aussi à des périodes de la vie où nous sommes fragilisés, soit psychiquement (deuil, éloignement), soit physiquement (manque de sommeil, convalescence). La victime se souvient alors d’une expérience désagréable. "Quand j’avais deux ans et demi, à la naissance de mon frère, on m’a envoyé chez une tante qui m’a puni en m’enfermant dans un placard au grenier, 'dans le noir, avec les loups', raconte Marc, 55 ans. Je suis persuadé que ma claustrophobie est venue de là." De nombreux phobiques cependant ne relient leur état à aucun traumatisme.
"Il s’agit là d’un dysfonctionnement du cerveau, explique Vincent Trybou. Une période de stress perturbe les neuromédiateurs, ce qui rend le cerveau trop sensible. Il confond alors 'être bloqué' avec 'être en danger'." Cela peut arriver à n’importe qui.
Un cercle vicieux
Après une première crise de panique, occasionnelle, la victime a peur de revivre la même chose. Cette appréhension entretient le phénomène, qui devient rapidement automatique.
Parfois, on s’en arrange : on emprunte systématiquement les escaliers, on prend le bateau afin d’échapper au tunnel sous la Manche… Il s’agit là de "stratégies d’évitement". Cette attitude permet de ne pas se retrouver confronté aux situations qui angoissent. Mais le soulagement est de courte durée, car la peur ne fait que grandir lorsqu’on la fuit. "Après les ascenseurs, ce fut l’avion, puis les amphithéâtres de la faculté", raconte Sarah, 28 ans. La phobie peut ainsi devenir si envahissante que la simple évocation de la situation suffit à faire déferler l’angoisse. Elle s’en est sortie avec la psychanalyse.
"Ma claustrophobie a commencé à régresser lorsque j’ai appris comment ne plus m’évanouir, confie Nadia. Je baisse la tête entre les genoux, puis je respire profondément, les mains placées en coquille devant la bouche et le nez." De fait, la respiration abdominale, la plus lente possible, est particulièrement recommandée aux phobiques.
Réussir à vaincre la claustrophobie
Parallèlement, les thérapies comportementales et cognitives sont plus fréquemment prescrites dans ce trouble, souvent en association avec quelques techniques de relaxation. "Elles consistent à se confronter progressivement à l’objet de sa peur pour s’en 'désensibiliser' peu à peu, explique Vincent Trybou. On entrera d’abord dans la cabine de l’ascenseur en laissant les portes ouvertes, puis on le prendra dix fois pour un seul étage, avant de passer à deux, trois, etc."
Il existe des unités spécialisées dans les troubles anxieux au sein de certains hôpitaux, sinon on peut se renseigner auprès de l’Association française de thérapie comportementale et cognitive. Quelle que soit la cause, "il est important de se rappeler cela entraîne une pathologie chimique du cerveau, insiste le psychologue. C’est pourquoi on prescrit parfois un léger antidépresseur pour faciliter la thérapie."
De quoi avons-nous le plus peur ?
Les phobies toucheraient 4 à 10 % d’entre nous. Quelle qu’en soit l’origine, les techniques pour apprivoiser sa peur sont sensiblement les mêmes : relaxation et thérapies comportementales et cognitives. Outre la claustrophobie, cinq angoisses figurent parmi les plus répandues.
- Acrophobie : peur du vide, le vertige des hauteurs.
- Aérodromophobie : peur des avions.
- Agoraphobie : peur des lieux publics et des espaces découverts. La plus handicapante, car elle peut conduire à ne plus oser sortir de chez soi.
- Aquaphobie : peur de l’eau.
- Zoophobie : peur des animaux (araignées, chiens, souris, serpents, etc.)