Depuis le 16 mars denier, plus de 5 millions d’élèves du primaire, du secondaire et du supérieur sont à la maison. Coronavirus oblige. Initialement prévu pour 30 jours, ces vacances obligées pourraient être prolongées jusqu’à la fin de l’année, vu la courbe d’évolution du covid-19 en Côte d’Ivoire. Avant même d’envisager la probabilité d’une année blanche, certains enseignants ont décidé de prodiguer des cours en ligne pour leur élèves. C’est notamment le cas pour les enseignants du Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Synesci), c’est aussi le cas au lycée Sainte-Marie de Cocody, et pour de nombreux autres établissements scolaires de prestige. « Le Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Synesci) doit prendre sa place dans cette bataille pour soutenir nos autorités. En tant qu'enseignants, notre contribution sera de maintenir le niveau de nos élèves pour ne pas avoir des résultats catastrophiques aux examens à grand tirage (Bepc, bac ). C'est pourquoi le Synesci à créé sur sa page Facebook ‘‘synesci officiel’’, un lien invitant les enseignants à s'y inscrire selon le modèle #synesci, nom du professeur, discipline, numéro Whatsapp », explique Ekoun Kouassi, secrétaire général du Synesci. Mais cette pratique ne concerne qu’une infime partie des élèves en Côte d’Ivoire et pour de nombreux enseignants, il n’y a rien de formel autour. « Nous voyons ce genre de service provenant d’enseignants. Nous voyons des affiches sur facebook. Mais ce ne sont, pour le moment, que des initiatives isolées », indique Pacôme Attaby, enseignants et membre du directoire de la Coalition des enseignants du secteur éducation-formation de Côte d’Ivoire (Cosefci). Un point de vu partagé par Abba Eban, président du Mouvement national pour l’union des enseignants de Côte d’Ivoire (Muneci). « Pour sauver l’année scolaire il faudra faire plus que cela. Ni la date des examens, ni même le chronogramme scolaire ne pourront être respectés cette année avec le coronavirus. La seule manière qu’il y aura de sauver l’année c’est que le coronavirus prenne fin dans les deux à trois mois qui viennent. Ce qui, à mon avis, serait étonnant, quand on voit le temps que le virus met dans les pays développés. Nous n’avons pas les moyens par rapport à ces Etats. Il faut donc envisager que le covid-19 nous pose des problèmes pendant tout le reste de l’année », indique Abba Eban. Pour lui, cette année est d’ores et déjà une année blanche à tous les niveaux. C’est, dans une certaines mesure, aussi l’avis du président de l’Organisation des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (Opeeci). « Ce qui arrive à la Côte d’Ivoire et au monde entier est une première. Il n’y a pas que l’école qui a été arrêtée. C’est toute la vie qui est arrêtée. Dire que les élèves filent droit vers une année blanche ne surprendra personne. Ce ne sont pas les cours en ligne qui vont changer quelque chose. D’ailleurs, ceux qui font les cours en ligne n’ont jamais dit qu’ils voulaient sauver l’année. C’est juste pout gardé le niveau de ces certains élèves. Ce que nous devons faire, c’est nous préparer à l’après coronavirus, ce qu’il faudra faire pour rattraper les choses », explique-t-il.
Raphaël TANOH