Le 10è Festival des musiques d’Anoumabo (FEMUA10), prévu du 25 au 30 avril prochain, sera à marquer d’une pierre blanche pour plusieurs leçons qu’il enseigne. On peut en citer au moins trois. La première est que l’événement a pu conserver sa régularité pendant une décennie. Ce qui n’est pas une prouesse négligeable sous nos latitudes.
L’édition 2017 montrera la capacité à transformer une douleur inhibitrice en force créatrice un an après le dernier morceau interrompu de Papa Wemba. C’est la deuxième leçon. La mort sur scène du monstre sacré de la musique africaine a été gérée avec dignité et professionnalisme. Il ne s’agit pas aujourd’hui de se morfondre en souvenirs, mais de bâtir sur l’héritage d’un géant ayant offert son corps et son âme pour la réussite de la manifestation qui va au-delà d’un simple clin d’œil d’enfants de banlieue à leur village d’origine. C’est le succès d’un pari. Prendre aussi bas et hisser aussi haut.
Plus important, troisième leçon, est le positionnement de la culture en Côte d’Ivoire à travers le FEMUA, mais aussi Abi Reggae du flamboyant ministre Moussa Dosso, expert comptable de métier et mélomane d’engagement. Quand les politiques s’époumonent sans succès à parler le même langage et que la réconciliation ressemble à un mirage, au-delà des promesses faciles, la Culture (avec un grand C) vient au secours du pays en traversant et en ignorant les clivages. C’est le mérite du FEMUA et d’Abi Reggae ainsi que celui de toutes les personnes qui contribuent à les installer sur le calendrier international de la culture, participant ainsi à soigner nos douleurs et à atténuer nos peines par le miracle de l’art.