Leçons de Nairobi

 Leçons de Nairobi
Les joies africaines sont si rares et le paysage politique africain si avare de bonnes pratiques démocratiques que l’on ne saurait bouder son plaisir face au coup de tonnerre venu de Nairobi. La décision de la Cour Suprême kenyane de faire reprendre l’élection présidentielle contient plusieurs leçons, dont la moindre n’est pas ce désaveu cinglant aussi bien de la Commission chargée d’organiser le scrutin que des doctes observateurs électoraux qui récitaient le même bréviaire à l’issue du vote. C’est aussi la preuve, par la pratique, de la séparation des pouvoirs et, à ce sujet, il faut saluer la maturité du Président sortant, qui s’est plié à la sentencedes juges des élections. Il a fait contre mauvaise fortune bon cœur. Imagine-t-on combien de morts la Côte d’Ivoire aurait évités si le Chef de l’Etat candidat à sa succession n’avait pas contesté le verdict des urnes en 2010. Il s’agit certes d’un moment historique et d’un instant d’espoir pour les peuples africains, plus habitués à voir des magistrats inféodés au pouvoir que des professionnels indépendants de l’Exécutif. Ceux du Kenya ont dit le droit, c'est-à-dire qu’ils ont respecté leur serment. Cela est accueilli comme un acte héroïque aussi bien par nous, Africains, que par nos contempteurs habituels. Les célébrations, dans les rues du Kenya comme dans les médias, font croire à une exception politique, montrant ainsi le chemin qui reste à parcourir sous nos cieux pour l’ancrage démocratique, plus d’un demi-siècle après nos indépendances. Cela dit, ne faisons pas la fine bouche : une Cour Suprême a retoqué l’élection d’un Président sortant et le Ciel ne nous est pas tombé sur la tête. Une autre leçon de Nairobi.

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