Les fortes pluies, tombées de manière impromptue, ont succédé aux mutins pour accroître les angoisses des populations abidjanaises. En plus de l’inconfort qu’elles créent en perturbant la vie quotidienne pour tous, elles provoquent désolation et même ruine chez les occupants des zones fragiles et interdites d’habitation. Certaines personnes n’en ont jamais eu cure et paient aujourd’hui le prix de leur indiscipline. En réalité, on a l’impression d’un déjà vu : fortes eaux, éboulements et destruction de ce que l’on n’hésiterait à appeler maisons, tellement leur caractère précaire est un défi au bon sens. Et comme d’habitude, on assiste aux appels au civisme du gouvernement et au constat des dégâts, qui est généralement suivi du colmatage des brèches. Les intempéries renvoient le gouvernement à ses chères études et les citoyens à leurs mauvaises habitudes. Tout se passe comme si, dans la gestion des ouvrages de drainage, l’État était condamné à un travail sisyphien. Les fortes pluies situent aussi l’incivisme des personnes s’établissant dans des sites à risques, faisant des caniveaux des poubelles, ignorant les interdits de la loi et ne pensant qu’à l’éphémère, sans soucis pour les lendemains qui pourraient déchanter. C’est une affaire de préservation de vie humaine et la force publique devrait jouer son rôle régalien de protection des populations en dégageant immédiatement ceux qui envahissent ces lieux par inconscience ou par ignorance, au mépris de la prudence la plus élémentaire. Sinon, on risque de déplorer des sinistres qui ne seront pas que matériels car les prévisions météorologiques annoncent une montée des eaux dans la capitale économique et dans d’autres villes ivoiriennes. Nous voilà avertis.