Les nuages s’amoncellent dans le ciel ivoirien, comme si nos compatriotes tiraient plaisir à danser au bord du précipice. Au double plan sécuritaire et politique on s’achemine vers des ruptures à plus de trois ans de l’élection présidentielle. 2020 semble être une échéance rétive à tout oubli. Pis, elle est même une obsession, si lointaine, en même temps si proche. En plus des troubles militaires qui tombent, progressivement hélas, dans l’ordinaire des citoyens, on note que les petites fissures au sein de l’alliance au pouvoir deviennent, au fil du temps, des plaies béantes. Tout se passe comme si on voulait crever l’abcès ici et maintenant. Ainsi, ce qui se murmurait hier est aujourd’hui crié sur la place publique. Plus l’on s’escrime à feindre d’occulter 2020, plus des actes sont posés pour nous rappeler que tous les yeux et tous les esprits sont tournés vers cet horizon de tous les dangers. Il serait contre toute sagesse que de sousestimer l’impact de la situation actuelle, caractérisée par des menaces sur le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l’alliance au sein de laquelle les affrontements autrefois à fleurets mouchetés deviennent de plus en plus des combats perturbant un équilibre politique et social si chèrement acquis. Les rancœurs nourries de soupçons de trahison et/ou de double langage ne laissent pas entrevoir un quelconque apaisement à moyen terme. Au contraire, plus on approche de 2020, plus les ambitions conduiront à des crispations, donc à de possibles impasses. Ce qui serait fort dommage pour un pays ayant réussi à convaincre le reste du monde de sa capacité de résilience et du retour de la sérénité sociale et de l’embellie économique, toutes choses qui ont motivé le départ de la mission onusienne.