En cette période de saison des pluies, il ne fait pas bon vivre à Abidjan pour ceux qui résident dans les quartiers précaires ou à risques. L’épée de Damoclès plane sur leur tête et la détermination du gouvernement ivoirien à traiter sans état d’âme les cas de quartiers à déguerpir n’est pas faite pour arranger les choses. Après les pluies diluviennes et meurtrières d’il y a quelques semaines, les autorités ivoiriennes sont entre le marteau et l’enclume. Déjà accusés à tort ou à raison d’être un gouvernement qui ne fait pas « assez de social », les images de populations déguerpies qui envahissent les réseaux sociaux au quotidien ne font que renforcer cette image de dirigeants « rigides » qui colle à la peau des autorités ivoiriennes. Un dilemme qui ne dit pas son nom car ces mêmes autorités sont très souvent montrées du doigt comme étant responsables des drames qui surviennent dans ces quartiers en cas d’intempéries. Qu’à cela ne tienne, le pouvoir d’Abidjan a opté pour la fermeté, quitte à y laisser quelques plumes. Certains quartiers de la Palmeraie, de Port Bouët et de Yopougon en ont déjà fait les frais. Le battage médiatique suscité par les images de familles dormant à même des tombes dans un cimetière semble très peu émouvoir la classe dirigeante ivoirienne. Les bulldozers sont aux aguets et n’attendent qu’un ordre de mission pour s’attaquer à un autre site à risques ou domaines publics illégalement occupés au nom des sacro-saints principes de la protection des vies des populations, de l’assainissement de la capitale et de l’émergence tant souhaitée. Les sites provisoires de recasement, solution alternative certes, mais insuffisante pour tous ces déguerpis dont le nombre ne cesse de croître. Là encore il faudra veiller à ce que ces sites provisoires ne se transforment en installations définitive, ouvrant la porte à de nouveaux imbroglios.
Malick SANGARE