Enclins aux retards, connus pour se faire désirer et partisans des décisions de dernière minute, les Ivoiriens sont une fois de plus restés fidèles à leur triste réputation. 4 ans après le début de l’opération d’enrôlement de la Couverture maladie universelle, symbolisée par la prise des empreintes digitales du Président de la République le 30 décembre 2014, il n’y a toujours pas foule aux guichets. D’après les chiffres de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), sur une population de 246 870 fonctionnaires civils et militaires en activité, seulement 113 327 étaient enrôlés à la date du 30 septembre dernier. À cette même date, la structure courait encore après 133 543 travailleurs, soit 54% de l’effectif. Du côté des retraités, sur 72 692 personnes, il n’y avait que 7 057 qui étaient venues vers les agents enrôleurs, soit le maigre chiffre de 10%. On clopine. En novembre dernier, un ultime appel a été lancé aux retardataires. Mais, d’après les dernières informations, les lignes n’ont pas beaucoup bougé. À peine a-t-on atteint le million d’enrôlés. Les campagnes médiatiques, sur le terrain, le porte-à-porte et même les fameuses boxes mobiles élaborés par la Cnam n’ont pas suffi à motiver les tire-au-flanc. Pour amener des personnes à s’intéresser à une assurance maladie qui leur offre presque tout à moindre coût, il faut encore faire le gendarme, appâter, leur courir après. Vendredi dernier, la Cnam a réussi à mettre la main sur des retraités grâce à une journée de dépistage… gratuite. Même si beaucoup le savaient déjà, il lui a fallu quatre ans pour comprendre que les Ivoiriens préféraient prendre le train en marche plutôt qu’à quai. Il faut enfin se décider à mettre sur les rails ce train médical. D’où l’annonce de la mise en œuvre de la CMU dans les prochaines semaines. Enrôlés ou pas, tous ceux qui doivent être prélevés pour cette couverture le seront. L’ultime coup de fouet, peut-être, pour amener les retardataires à se présenter devant les agents d’enrôlement.
Raphaël TANOH