Un break prévisible. Huit ans que les taux de réussite aux examens surfaient sur la vague de la conscience collective. Situation illustrée par les chiffres du baccalauréat : 20,25% d’admis en 2011 ; 25,22% en 2012 ; 33,62% en 2013 ; 36,23% en 2014 ; 39,66% en 2015 ; 42,38% en 2016 ; 44,97 % en 2017 et 46,09 % en 2018. Le taux de réussite au BEPC a suivi une courbe similaire depuis 2012, avec un record de 60,14% en 2018, qui faisait passer les détracteurs de la qualité de l’enseignement en Côte d’Ivoire pour des charlatans.
Mais les choses ont changé cette année. Si les Ivoiriens se sont consolés avec 84,48% de réussite au CEPE, en hausse, le fait est que les deux épreuves majeures ont échoué à garder le rythme. Un taux de 57,31% au BEPC, ce sont 2,83% de moins que 2018. Pour le baccalauréat, le gap est beaucoup plus important : 4,86% en moins pour un taux de réussite de 41,23%. Vu sous cet angle, le tableau parait peu affligeant. Sauf qu’il s’agit de 12 718 élèves de plus recalés au bac et environ 11 779 au BEPC. Ces 24 000 malheureux sont ce que l’on appelle les « dommages collatéraux » dans le bras de fer qui aura opposé tout le long de l’année scolaire le gouvernement et les syndicats du secteur éducation / formation. Pour l’instant, il ne s’agit que d’un simple coup d’arrêt. Mais les Ivoiriens pourraient véritablement s’inquiéter si cette rupture venait à se confirmer en 2019 - 2020. Ce qui est patent aujourd’hui, c’est l’absence de remords de part et d’autre. Le manque de compassion pour ces 24 000 élèves qui ont échoué par la faute d’une conjoncture qu’ils n’ont ni souhaitée ni favorisée. Pendant que le rideau tombe définitivement sur cette année scolaire, il appartient à tous, parents, enseignants, autorités, de méditer ces faits.
Raphaël TANOH