Ceux qui pensaient que la fin de la crise avait emportée avec elle l’épineux problème de conflits identitaires et le discours sur la nationalité ivoirienne doivent revoir leur copie. Nous n’avons pas encore fini de pleurer les morts de Bouna à l’est, de Bin Houyé à l’ouest et de Béoumi au centre, que la récente victoire de Tara Gueye au concours Miss Côte d’Ivoire 2019 nous a replongé dans des discours qui hier étaient taxés « d’ivoirité ». La confusion entre nationalité et patronyme, de même que la stigmatisation de certains Ivoiriens reviennent à la surface. « On est désormais Ivoirien en fonction de ses choix politiques ou de la volonté d’autres Ivoiriens », tançe un internaute. Le mal n’est pas traité. N’a même pas encore connu de début de traitement, peut-être, et est profond. Ce qui fait le nid de politiciens véreux, accentue les replis identitaires ou communautaires et fait toujours planer des risques de dégénérescence. On a pu le voir lors des élections locales d’octobre 2018 et cela n’augure rien de bon pour la présidentielle de 2020.
Les mêmes causes entraineront-elles les mêmes conséquences demain, avec leurs corollaires d’assassinats, de nombreux procès, d’emprisonnements, pour par la suite aboutir à une amnistie générale ? Est-ce une roue qui tourne à chaque changement ou prolongement de pouvoir ? Car ce ne sont pas pour les alertes qui manquent. Paradoxalement, beaucoup de ceux qui alertent attisent le feu par endroits. Et les choses se passent comme si le peuple se rendait complice des pyromanes en tous genres, peu importe que les premières victimes se comptent toujours parmi les plus faibles. 2020 approche à grand pas. Certains préparent sûrement leur départ ou leur retour d’exil. Les plus faibles sont inquiets. Mais personne ne se sent responsable de rien, car le malheur vient toujours des autres. Diantre !
Ouakaltio OUATTARA