Le 19 mars dernier, le tribunal condamnait à douze mois de prison et cinq millions d’amende Philippe Kouadio Yao, 31 ans, pour « incitation à la violence » sur les réseaux sociaux. Deux semaines avant, il avait appelé à « égorger les enfants des gendarmes », dans sa colère contre les enlèvements d’enfants. Ses excuses et regrets, quelque temps plus tard, n’ont en rien fait fléchir le tribunal. « Il était question pour nous de démontrer à tous ceux qui font des dérives sur les réseaux sociaux que nous avons l’arsenal juridique pour les traquer, les tracer et les appréhender », a déclaré le Procureur de la République, Christophe Richard Adou. Le 27 mars, recevant les responsables des fora des réseaux sociaux, il leur disait que l’État s’engageait à « assainir les réseaux sociaux » avec leur concours. Non sans préciser qu’il n’était nullement question de « restreindre ou de violer les libertés individuelles », mais « plutôt de renforcer le débat démocratique ». Le procureur en a rassuré plus d’un, mais manie à la fois la carotte et le bâton. En d’autres termes, nous sommes toujours libres de nous exprimer sur tous les sujets, mais notre liberté est surveillée. Concernant les « fake news » ou les commentaires haineux, certains pays, et non des moindres (Allemagne, France, Italie, USA), ont, de façons différentes, adopté des lois parfois drastiques afin, selon eux, d’assurer la liberté d’expression par tous les moyens mais surtout d’en protéger tous les citoyens. Les fausses infos fausses n’y sont prohibées que si elles affectent la réputation et la dignité des autres, comme dans le cas de la diffamation. Si cela est salutaire, il faut par contre espérer que la réaction du procureur Yao n’étranglera pas le débat démocratique et n’écrasera pas la libre expression, différente, bien entendu, du libertinage. Déjà que les espaces démocratiques sont rares sous nos tropiques, il ne faudrait pas étouffer ceux qui prennent leur envol sur la toile.
JDF TV
L'actualité en vidéo
