Tournant

Plus que la manifestation du devoir d’ingratitude, dont est coutumier le jeu politique, l’arrestation du Chef du protocole du Président de l’Assemblée nationale, l’allié Guillaume Soro, constitue un tournant dans la vie du Rassemblement des Républicains (RDR). Nous assistons au franchissement d’un nouveau palier dans la rupture entre le parti majoritaire et ce qui reste des Forces Nouvelles, mouvement rebelle ayant conduit à l’affaiblissement, ainsi qu’à la chute, du régime de Laurent Gbagbo, grâce à ses combattants. Depuis quelques mois, on voyait la cassure venir et on s’interrogeait moins sur son inéluctabilité que sur la manière et le moment de son intervention. Le bras de fer était dans l’air du temps dès la fin du premier mandat du Président Alassane Ouattara, l’obligeant même à annoncer très tôt sa candidature à un second et dernier mandat, pour calmer le jeu entre les prétendants à sa succession au sein de son cercle immédiat. Tout le monde est désormais édifié sur les garanties de loyauté, de fidélité et même d’unité proclamées urbi et orbi.
Au-delà de l’arrestation d’un fidèle parmi les fidèles, de celui qui apparait comme un simple exécutant, le message subliminal est la chute d’une citadelle jadis inviolable, même face aux menaces de transfèrement à la Cour pénale internationale (CPI). Le Gouvernement veut montrer qu’il tient les rênes de l’Etat, respecte la séparation des pouvoirs, tire les conséquences de ses investigations et peut mettre fin, à tout moment, aux privilèges de ceux qui étaient intouchables il n’y a guère. En d’autres termes, il restaure une crédibilité perdue. Tout le monde voyait la cassure se préciser et l’absence de Soro au 3è congrès du RDR a accentué de manière publique la séparation, inscrite dans le temps. Le Gouvernement, en utilisant la voie judiciaire sur fond de lutte contre l’insécurité, a marqué son autorité en se préservant d’accusations de politique politicienne ou de chasse aux sorcières. On lui reprochait son laxisme vis-à-vis de ses alliés, notamment dans l’observation des droits humains. Il n’aura aucun mal à étendre cette démonstration de force à certains éléments de l’opposition, accusés ouvertement de manœuvres de déstabilisation. La logique est de continuer sur la lancée, sans excès ni faiblesse. Une question est incontournable: à qui le tour après Soul to Soul, qui ne peut pas avoir accueilli une cache d’armes sans avoir reçu des instructions ou des assurances dans ce sens ?

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