Après avoir décrié la composition actuelle de la Commission électorale indépendante (CEI), l’opposition a décidé de passer à une autre étape, en retirant tous ses commissaires de l’instance électorale le 19 mars. Une sortie presque prévisible. Mais il faut aller plus loin. La CEI, depuis 2001, date de sa création, fait l’objet de débats et de petits arrangements politiques entre pouvoir et opposition, avec une société civile totalement muette. Il faut avoir le courage d’extirper de cet organe tous les représentants des partis politiques, y compris ceux des institutions gouvernementales, et même les religieux, qui n’y ont pas, à notre avis, leur place.
Il faut avoir le courage de confier la CEI à des personnes équidistantes des politiques et des religieux. Pour y arriver, il faudra certes d’énormes sacrifices, mais aucun ne sera assez grand pour préserver et consolider la démocratie. Après cinq élections présidentielles organisées depuis 1990, toutes émaillées de violences, et après 30 ans de multipartisme, il est temps d’avoir une CEI qui inspire confiance à toutes les sensibilités, et non pas une CEI qui amalgame toutes les sensibilités et où chaque représentant défend les intérêts de ses mandants. L’opposition a ouvert une brèche, il faut lui emboiter le pas.
Les cas du Sénégal, du Burkina Faso et du Ghana sont là pour nous servir d’exemples et nous mettre devant l’évidence. Une CEI peu politique est plus productive et plus libre de travailler. Elle permet plus de transparence et moins d’interférences politiques. La Côte d’Ivoire ne peut plus se permettre d’aller à des élections dans un contexte doublement électrique. Électrique entre les hommes politiques et leurs partisans respectifs et électrique au sein de la CEI. Trouver des arbitres neutres dans une population d’un peu plus de vingt millions d’habitants n’est pas non plus la mer à boire !
Ouakaltio OUATTARA