Au cœur du débat politique, la Constitution. Révisée en 2016, elle pourrait être encore modifiée, selon ce qu’a laissé entendre le Président de la République Alassane Ouattara le 6 août dernier. Même s’il n’a pas été précis sur les points à revoir, cela a suffi à faire crier victoire à ceux qui avaient à l’époque appelé à voter non ou s’étaient abstenus. L’histoire semble leur donner raison. Mais n’est-ce pas une révision prématurée ? Remettre le verrou d’âge à 75 ans pour les candidats à la présidentielle ? Retirer le poste de Vice-Président ou le maintenir et faire sauter celui de Premier ministre ? Les spéculations vont bon train. Si cela devenait effectif, la Troisième République aurait vécu moins de trois ans. Une nouvelle révision constitutionnelle est-elle opportune ? Oui, pour ceux qui souhaitent que 2020 soit l’année de la retraite des trois grands leaders (Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié) qui se partagent l’espace politique depuis une trentaine d’années. Non, car, peu importent les points à modifier, une Constitution ne s’écrit pas pour ou contre quelqu’un. Le faire serait ne pas avoir tiré les leçons du passé et ouvrir la voie à des révisions incessantes, au gré de chaque dirigeant, pensent les autres. Une troisième tendance, même si elle souhaite une révision de la Constitution, veut qu’elle n’ait lieu qu’après 2020. Dans chacun des cas, cette annonce apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent que la Côte d’Ivoire n’a pas encore tourné définitivement la page de ses vieux démons. Développant au sein des populations le sentiment d’être les otages éternelles de la classe politique. Nul ne semble porter véritablement les aspirations du peuple une fois au pouvoir. Chacun évolue avec son agenda et selon ses aspirations. Pourvu que cette révision ne soit pas celle de trop et qu’elle suscite l’adhésion massive du peuple.
Ouakaltio OUATTARA