En choisissant le macadam comme tribune politique, avec sa marche du 17 juin, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, a remis au goût du jour les pratiques d’antan de sa formation politique. À l’époque, quand le FPI envahissait le bitume, il mobilisait ses troupes et mettait à vif les nerfs du gouvernement. Autres temps, autres mœurs, cette dernière tentative ressemble à un nouvel épisode de l’impossible clôture de l’ère Gbagbo. Au lieu de faire trembler les bases de l’État, cette querelle de légitimité et de légalité entre les deux tendances rivales de l’opposition est du pain béni pour le pouvoir, alors que la fronde sociale est à l’ordre du jour depuis près de cinq mois. Au lieu de sceller leurs retrouvailles à un moment où la majorité a des soucis, les partisans d’Affi N’Guessan et les affidés d’Aboudramane Sangaré prolongent le bras de fer les opposant depuis des lustres. La manifestation de samedi est comme une réponse à celle de la fête de la liberté du 1er mai. Cette lassante bataille de leadership rassure la majorité, qui masque ses divergences internes et ses doutes, se persuadant que l’alternance n’est pas pour demain. Du moins, elle ne viendra pas du FPI, dont les animateurs, légaux ou légitimes, ne manquent aucune occasion de s’étriper. L’un, Affi, veut utiliser la justice ou la rue pour imposer sa légalité. L’autre, Sangaré, nargue la loi pour prouver son assise populaire et donc sa légitimité. Il est du compagnonnage politique comme du ménage, le moindre déballage public transforme une banale dispute en enjeu, et en fait une question d’honneur et même d’amour propre. Ce jeu de yoyo relègue au second plan les duels RDR-PDCI et leurs rivalités internes. Cela dit, la majorité doit se rappeler cette sagesse africaine : quand la case du voisin brûle, il faut éviter d’attiser les flammes.
Khodo