Annoncée lors du Conseil des ministres du 13 mars dernier, la réforme hospitalière arrive dans un paysage sanitaire en pleine reconstruction. Ce nouveau bébé, qui doit encore être baptisé par le législateur et parrainé par l’Exécutif, devra faire ses premiers pas dans un environnement hostile. Avec pour stabilisateurs une volonté politique qu’il faudra surtout rechercher et un accompagnement civique et professionnel à débusquer. Tout porte à croire que le « nouveau-né » marchera contre vents et marées. Les ministres se sont succédés, les discours ont varié, mais, il faut le dire clairement, les mentalités n’ont pas tellement changé en presque dix ans. Elles n’étaient pas plus prêtes à le faire, d’ailleurs, avant. On l’a vu, la gratuité des soins, malgré tout son bien-fondé, a été à sabotée par endroits. La gratuité ciblée n’a pas non plus été accompagnée comme il se devait. Les politiques sanitaires dans leur ensemble ont toujours eu pour premier ennemi leur principal exécutant : le personnel soignant. Accueil démoralisant, prise en charge au gré des humeurs, désintérêt palpable pour la « chose publique » au profit des cliniques privées. La pauvreté aidant, les usagers, il est vrai, ont souvent péché par ignorance. L’État, de son côté, n’a pas toujours su où donner de la tête. Mais les choses peuvent changer. Et si, pour cette fois, rien que cette fois, chacun y mettait du sien ? Les patients pourraient se rendre dans le premier hôpital de proximité et y trouver leur compte. Les CHU (bientôt EPH) n’offriraient plus le spectacle de malades couchés dans les halls, tel un fléau. Les maternités deviendraient de véritables écrins pour berceaux. La mort et la désolation fuiraient nos établissements sanitaires comme la peste, pour laisser place à la guérison et à la vie. C’est possible et c’est peut-être le moment.
Raphaël TANOH