Nous y revoilà ! Entre deux repas, les Ivoiriens auront droit à leurs lots rebattus et ressassés de séductions, de dénigrements et de cris de ralliement, via la télé, les journaux et le Web. D’une semaine à l’autre, on craindra l’atmosphère de rue, les prévisions ou, simplement, les rumeurs à foison sur fond de désinformation. Depuis maintenant plusieurs semaines, la Côte d’Ivoire est entrée dans la zone de turbulences tant redoutée qui précède la présidentielle d’octobre prochain. Le sujet ici, c’est le Peuple. Et, jusqu’à ce que ce scrutin connaisse son dénouement, ce sera toujours lui l’élément central, le centre décisionnel. Tout l’intérêt est donc de savoir le degré de maturité de ce Peuple, après tant d’épreuves traversées : le coup d’État de 1999 ; le charnier de Yopougon en 1999 ; la crise politico-militaire de 2002 à 2010 ; la très récente crise poste-électorale, etc. Avons-nous affaire à des Ivoiriens partitionnés selon la traditionnelle configuration politico - ethnique et politico - régionale ou les candidats auront-ils en face d’eux de véritables citoyens, homogènes, unis, qui font passer l’intérêt du pays avant toute chose ? Car l’arène politique bouillonne. Des hommes d’action, il y en aura, mais également des hommes de discours et de promesses. Il y aura des fourbes, des caméléons, des figures d’espoir, des jokers... Quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, l’amère vérité est que personne ne passera sans le précieux sceau des électeurs. L’or, les intrigues et le verbe appartiennent aux politiciens, mais la force et le jugement seront à jamais du côté du Peuple, pour peu que ce Peuple ait la raison avec lui. Car, le Peuple, le vrai, ne se fait ni manipuler ni tromper. Le Peuple ne réédite pas ses erreurs au fil du temps, comme une boucle temporelle dans laquelle le futur est rattaché au passé. Le Peuple est responsable.
Raphaël TANOH