Le départ de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) après plus de treize ans marque assurément la fin d’une époque. Celle de la présence de la communauté internationale au chevet du pays pour sa sécurité et sa stabilité. Alors que des missions plus anciennes, en RDC (1999) et au Libéria (2003), sont encore en activité, c’est un acte politique audacieux de la part du gouvernement que d’accepter la fin du mandat de celle implantée ici depuis 2004, au moment où de nombreux périls restent encore à conjurer sur le plan sécuritaire, comme on l’a vu tout au long du premier semestre de l’année en cours.
Paradoxalement et ce n’est peut-être pas un hasard, l’ONUCI quitte la Côte d’Ivoire alors que la refondation de l’armée et la réforme du secteur de la sécurité sont le maillon faible de l’attelage étatique. Après la résolution de la crise post-électorale en 2011, l’autre dossier des Nations unies était l’accompagnement de la Côte d’Ivoire dans l’épineux chantier du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration (DDR), confié justement à un ancien haut fonctionnaire onusien, Fidèle Sarassoro. Les résultats n’auront pas été à la hauteur des attentes, si on les jauge à l’aune des mouvements d’humeur enregistrés trois fois en six mois, et qui trahissent une indiscipline inconcevable dans une armée de métier.
La fin du mandat de l’ONUCI, c’est aussi la fin d’un parapluie pour le gouvernement qui, en même temps qu’il retrouve sa souveraineté dans tous les domaines, doit maintenant faire face à toutes les urgences avec ses propres forces de défense et de sécurité. En fait, pour la première fois depuis 6 ans, il se retrouve tout seul face aux devoirs régaliens d’un État confronté à une crise sécuritaire, et peut être aussi politique.