Dans les premières heures du multipartisme, l’école avait été utilisée afin de maintenir la pression sur les dirigeants. Les élèves et étudiants d’alors s’étaient baptisés « génération sacrifiée ». Sacrifiée afin de permettre aux générations à venir de vivre mieux, disaient-ils. Une trentaine d’années plus tard, rien ne s’est pourtant amélioré dans les conditions des élèves et étudiants. Depuis trente ans, l’école connaît des grèves et, en fonction de son positionnement, qu’il soit de l’opposition ou du pouvoir, chaque parti y voit soit un échec des gouvernants soit la main manipulatrice de l’opposition. Et plutôt que d’attaquer le mal à la racine, d’ouvrir des cadres de dialogue, de créer les conditions d’un débat où seul l’intérêt de l’école prime, chaque partie (syndicats d’enseignants et ministère de tutelle) joue le pourrissement de la situation afin de « gagner le combat ». Pas celui de sauver l’école, mais plutôt celui de « son camp ». Pendant ce temps, les grands perdants, pris en otage, sont des milliers d’élèves qui scrutent l’horizon sans savoir qui, des ministères de tutelle ou des syndicats d’enseignants, travaille à confisquer leur avenir. Dans ce bras de fer qui perdure, parents d’élèves et scolaires ne savent plus qui joue la carte de la transparence. La pression a désormais gagné les rues, avec des interventions musclées de la police face à des élèves et étudiants qui délogent leurs camarades des autres écoles. Il y a longtemps que notre pays n’avait pas vécu pareilles scènes. La crainte d’une année blanche envahit de plus en plus les esprits après deux mois de perturbation des cours. Les initiatives isolées, si elles permettent à certains acteurs de se parler, ne sont pas pour l’heure suffisantes. Espérons que les ministres concernés soient un jour face aux députés afin que la situation évolue dans le bon sens.
Ouakaltio OUATTARA