Plus qu’un hommage à d’illustres serviteurs de la nation, l’appel aux anciens généraux pour réformer l’armée sonne comme un aveu d’échec dans la gestion des mutineries successives. Il est aussi un désaveu de l’œuvre des autorités ayant eu en charge la gestion de ce dossier, l’un des héritages les plus lourds de la crise post-électorale. Il fallait de l’expérience militaire, de la compétence politique et du doigté sociologique pour relever un défi aussi immense. La décision du gouvernement est surtout l’expression d’un réalisme dans la refondation d’une armée, dont certaines composantes ont rompu avec le devoir de réserve attendu d’elles. L’objectif immédiat est de revenir à l’orthodoxie militaire faite de respect de la hiérarchie, d’obéissance, de défense du territoire et donc, par extension, de protection des populations civiles. Toutes choses que l’histoire récente avait rendues impossibles du fait de l’origine de la majorité de ceux qui constituaient les forces de défense et de sécurité. Le recours aux officiers généraux passés à la deuxième section pose aussi des questions sur la conduite du processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) et de celui de la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS). N’est-on pas allé trop vite en besogne ? N’a-t-on pas manqué de rigueur dans le recrutement d’individus qui étaient certes de bons combattants dans une rébellion, mais non rompus aux exigences d’une armée disciplinée, qui a son code d’honneur et ses bonnes manières ? Le gouvernement, dans un double effort pédagogique et politique, est assurément à la recherche de modèles dans l’art d’être militaire et surtout dans la création de perspectives de carrière pour ceux qui veulent se mettre au service des intérêts supérieurs de la nation. L’engagement des officiers généraux à rester au service de l’Etat va dans la droite ligne de cette fidélité à leur serment. La gageure est de transmettre un tel idéal à la nouvelle armée que l’on veut porter sur les fonts baptismaux, avec comme préalable de séparer la bonne graine de l’ivraie.